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en face, parce qu’ils étaient éloignés, après avoir fait apporter de loin leurs portraits, ils exposèrent aux yeux l’image du roi qu’ils voulaient honorer, afin d’adorer dans leur zèle, comme présent, celui qui était absent.[1]

18. Mais ce qui augmenta leur culte, et les adorateurs ignorants, ce fut le zèle extraordinaire de l’artiste.[2]

19. Car, voulant plaire à celui qui l’employait, il épuisa tout son art pour faire une image plus parfaite.

20. Or la multitude des hommes, séduite par la beauté de l’ouvrage, estima dieu celui qui un peu auparavant avait été honoré comme un homme.

21. Et telle fut la déception de la vie humaine, parce que des hommes, soit disposés à cela personnellement, soit trop complaisants pour les rois, donnèrent à des pierres et à du bois le nom incommunicable.[3]

22. Et il ne leur a pas suffi d’errer touchant la science de Dieu ; mais vivant dans une grande lutte causée par l’ignorance, ils appellent paix tant et de si grands maux.

23. Car, ou immolant leurs propres enfants, ou faisant des sacrifices clandestins, ou célébrant des veilles pleines d’une brutalité furieuse,[4]

24. Ils ne gardent ni l’honnêteté dans leur vie, ni la chasteté dans leur mariage ; mais l’un tue l’autre par envie, ou l’outrage par l’adultère ;

25. Et tout est confondu ; le sang, l’homicide, le vol, la fourberie, la corruption, l’infidélité, le tumulte, le parjure, la vexation des bons,

26. L’oubli de Dieu, la souillure des âmes, le changement de la naissance, l’inconstance des mariages, et les dissolutions de l’adultère et de l’impudicité ;[5]

27. Car le culte des infâmes idoles est la cause, le principe et la fin de tout le mal.

28. Car ou lorsqu’ils se réjouissent, ils s’abandonnent à la

  1. Sg. 14,17 : On avait divinisé les rois dans divers pays. En Egypte, les Lagides payaient régulièrement des sommes destinées à rendre les honneurs divins à leurs prédécesseurs.
  2. Sg. 14,18 : Et les adorateurs ignorants ; littéralement et ceux qui ignoraient (et hos qui ignorabant). Cet accusatif hos de la Vulgate peut être le régime de la préposition ad, exposant du premier complément culturam du verbe provexit, ou second complément de ce même verbe ; car ces deux sortes de constructions sont également usitées, au moins en hébreu.
  3. Sg. 14,21 : Le nom incommunicable, le nom de Dieu, Jéhovah, qui ne se communique pas aux créatures, comme quelques autres, par exemple Elôhim, Adônâï. Les Juifs, par respect, ne le prononcent jamais ; ils y subsistent Adônâï, que les Septante et la Vulgate ont constamment traduit par le Seigneur. Phrase suivante supprimée.
  4. Sg. 14,23 : Voir Deutéronome, 18, 10 ; Jérémie, 7, 6. ― En immolant leurs propres enfants. Voir Sagesse, note 12.4-5. Cet usage barbare subsistait encore à Carthage, quand écrivait l’auteur de la Sagesse. ― Ou faisant des sacrifices clandestins, allusion aux mystères, tels que ceux d’Eleusis, etc. ― Célébrant des villes pleines d’une brutalité furieuse, dans les orgies du culte de Bacchus, voir 2 Machabées, 6, 4 ; Romains, 13, 13 ; Baruch, 6, 43.
  5. Sg. 14,26 : Le changement de naissance ; la confusion dans la naissance des enfants, dont la vraie origine ne saurait être assurée au milieu d’une si affreuse corruption des mariages.