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5. On craindra aussi les lieux élevés, et on s’épouvantera dans la voie. L’amandier fleurira, la sauterelle engraissera, le câprier se dissipera ; parce que l’homme s’en ira dans la maison de son éternité, et les pleureurs parcourront la place publique.[1]

6. Souviens-toi de ton Créateur, avant que le cordon d’argent se rompe, et que la bandelette d’or se retire, et que la cruche se brise sur la fontaine, et que la roue se rompe sur la citerne ;[2]

7. Et que la poussière retourne dans la terre d’où elle était sortie, et que l’esprit revienne à Dieu qui l’a donné.[3]

8. Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, et tout est vanité.[4]

    aussi les oreilles, qui, dans la vieillesse, n’entendent plus et, par conséquent, sont entièrement insensibles à toute espèce de chant et d’harmonie. L’Écriture nous en offre un exemple dans la personne du vieillard octogénaire Berzellaï (voir 2 Rois, 19, 35). Nous ferons observer, à cette occasion, qu’en hébreu l’expression fils ou fille d’une chose se donne à tout ce qui dépend de cette chose, à tout ce qui lui appartient, à tout ce qui a un rapport avec elle. ― L’image tirée de la faible voix de celle qui moud est très naturelle en Palestine. Le bruit de la meule qui écrase le pain caractérise les lieux habités en Orient, comme le bruit des voitures caractérise les grandes villes de l’Occident. On l’entend encore aujourd’hui quand on passe dans les rues des villes et des villages et près des campements arabes. ― Les figures et les métaphores employées dans cette description de la vieillesse peuvent nous paraître bien recherchées, mais sont tout à fait dans le goût des Orientaux. À la fin d’un manuscrit syriaque de la Sainte Écriture, le copiste a écrit cette prière : « Daigne, Seigneur, ne pas nous priver de la récompense des cinq sœurs jumelles qui se sont fatiguées à travailler, et des autres sœurs qui leur ont prêté le secours du regard pour semer, avec la vertu de l’Esprit-Saint et les ailes d’un oiseau, leur semence dans un champ paisible. » Les cinq sœurs jumelles sont les cinq doigts de la main qui a écrit ; les deux autres sœurs jumelles sont les deux yeux ont lu le manuscrit copié ; les ailes de l’oiseau ont fourni leurs plumes pour écrire, le champ est le papier ou le parchemin et la semence, ce sont les pensées.

  1. Eccl. 12,5 : On craindra aussi, etc. Les vieillards craindront de monter, parce que leurs jambes ne seront plus flexibles, ni leur poitrine et leur respiration libres et dégagées ; et dans le chemin même, ils marcheront avec peine, et toujours dans l’appréhension de trébucher, de rencontrer un sentier raboteux et inégal. ― L’amandier fleurira ; c’est-à-dire que les cheveux des vieillards paraîtront comme la fleur de l’amandier, qui fleurit blanc. ― La sauterelle engraissera ; c’est-à-dire, comme porte l’hébreu, deviendra lourde et pesante ; en sorte qu’elle ne pourra plus ni voler, ni sauter ; autre image de l’homme parvenu à la vieillesse. ― Le câprier se dissipera. Cet arbrisseau, s’entrouvrant, produit une fleur blanche qui tombe bientôt, et qui découvre une espèce de gland oblong. Or, cette fleur représente assez naturellement les cheveux blancs qui tombent de la tête des vieillards, et qui la leur laissent toute pelée et toute chauve. ― La maison de son éternité ; c’est-à-dire le tombeau, où il demeurera jusqu’à la fin du monde.
  2. Eccl. 12,6 : Souviens-toi de ton Créateur. Ces mots du 1er verset sont évidemment sous-entendus ; sans eux, le sens des versets 6 et 7 resterait suspendu et serait incomplet. ― Le cordon d’argent et la bandelette d’or figurent probablement les liens qui attachent à la vie. ― La cruche qui se brise sur la fontaine peut signifier le cœur qui se brise à la source de la vie, et la roue qui se rompt sur la citerne, les poumons qui n’aspirent plus l’air.
  3. Eccl. 12,7 : Ce verset suffit pour venger l’auteur de l’Ecclésiaste du reproche de matérialisme ; il est impossible de s’exprimer d’une manière plus claire sur le dogme de la survivance de l’âme au corps.
  4. Eccl. 12,8 : L’épilogue, chapitre 12, versets 8 à 14, contient la solution du problème énoncé dans le prologue. Tous les efforts de l’homme pour obtenir la félicité complète sur la terre sont vains, voir Ecclésiaste, 12, 8 ; l’expérience de Salomon, le plus sage des hommes, qui a essayé de tout, en est la preuve, voir Ecclésiaste, 12,9-10.