Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1411

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui ne craignent pas la face du Seigneur.

14. Il est une autre vanité qui a lieu sur la terre ; il y a des justes à qui les maux arrivent, comme s’ils avaient fait les œuvres des impies, et il y a des impies qui vivent dans la sécurité, comme s’ils avaient pour eux les actions des justes ; mais cela aussi je le juge très vain.

15. J’ai donc loué la joie, parce qu’il n’était, pour l’homme, de bien sous le soleil que de manger, de boire et de se réjouir ; et que c’était cela seul qu’il emportait avec lui de son travail durant les jours de sa vie, que lui a donnés Dieu, sous le soleil.[1]

16. Et j’ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse, et à comprendre la tension d’esprit qui règne sur la terre. Il est tel homme qui, les jours et les nuits, ne prend pas de sommeil pour ses yeux.[2]

17. Et j’ai compris que l’homme ne peut trouver aucune raison de toutes les œuvres de Dieu, qui se font sous le soleil, et que plus il travaille pour chercher, moins il trouve. Quand même le sage dirait qu’il sait, il ne pourra rien trouver.

CHAPITRE 9.


1. J’ai agité toutes ces choses dans mon cœur, afin de tâcher de les comprendre. Il y a des justes et des sages, et leurs œuvres sont dans la main de Dieu : et cependant l’homme ne sait s’il est digne d’amour ou de haine ;[3]

2. Mais toutes choses sont réservées

  1. Eccl. 8,15 : Le but de l’auteur dans ce verset n’est nullement de recommander une vie molle et voluptueuse. Voir Ecclésiaste, 2, 24.
  2. Eccl. 8,16 : La 4e et dernière section du livre de l’Ecclésiaste commence ici au verset et elle s’étend jusqu’au chapitre 12, verset 7. Elle donne le résumé des recherches et des expériences des trois sections précédentes et la conclusion finale. Il est impossible à la sagesse humaine d’approfondir l’œuvre de Dieu, voir Ecclésiaste, 8, 16-17 ; les bons, comme les méchants, sont soumis à la Providence dont la volonté est inscrutable, voir Ecclésiaste, 9, 1-2 ; ils doivent mourir et être oubliés, voir Ecclésiaste, 9, 3-6 ; nous devons donc jouir de la vie en attendant la mort, voir Ecclésiaste, 9, 7-10 ; le succès ne récompense pas toujours les efforts de l’habile et du sage, voir Ecclésiaste, 9, 11-12 ; la sagesse, quoique avantageuse en bien des cas, est souvent un objet de mépris pour la folie, voir Ecclésiaste, du chapitre 9, verset 13 au chapitre 10, verset 3. Nous devons être patients et obéir à ceux qui gouvernent, même quand ils sont injustes, parce que la résistance ne ferait qu’accroître nos maux, voir Ecclésiaste, 10, 4-11 ; la prudence dans les choses de la vie vaut mieux que la folie, voir Ecclésiaste, 10, 12-26. Il faut être charitable, dussions-nous faire des ingrats, car ceux à qui nous faisons du bien peuvent après tout nous en être reconnaissants, voir Ecclésiaste, 11, 1-2. Nous devons toujours travailler, puisque nous ignorons lesquels de nos efforts seront couronnés de succès, et rendre par ce travail la vie agréable, voir Ecclésiaste, 11, 3-8. Néanmoins, comme tout cela ne satisfait point l’âme, l’Ecclésiaste conclut en définitive que la pensée du jugement dernier doit être la règne de notre vie, voir Ecclésiaste, 11, 9-10, et que nous devons vivre depuis notre jeunesse jusqu’à la vieillesse dans la crainte de Dieu et du jugement final, dans lequel tout sera expliqué, voir Ecclésiaste, 12, 1-7.
  3. Eccl. 9,1 : Afin de tâcher de les comprendre ; littéralement afin de les comprendre avec soin, avec empressement de savoir (curiose).