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LES PROVERBES.


et la doctrine, les insensés les méprisent.[1]

8. Écoute, mon fils, la discipline de ton père, et ne rejette pas la loi de ta mère,[2]

9. Afin que soit ajouté un agrément à ta tête, et un collier à ton cou.[3]

10. Mon fils, si des pécheurs veulent l’attirer, n’y acquiesce pas.

11. S’ils disent : Viens avec nous, dressons des embûches au sang, cachons des pièges à l’innocent qui ne l’a pas mérité ;[4]

12. Comme l’enfer, engloutissons-le vivant et entier, comme celui qui descend dans la fosse.[5]

13. Nous trouverons toutes sortes de biens précieux : nous remplirons nos maisons de dépouilles.

14. Mets ta part avec nous, qu’une seule bourse soit pour nous tous.

15. Mon fils, ne marche pas avec eux, écarte ton pied de leurs sentiers.

16. Car leurs pieds courent au mal, et ils se hâtent afin de verser le sang.[6]

17. Mais en vain l’on jette le filet devant les yeux des oiseaux.[7]

18. Eux aussi à leur propre sang dressent des embûches, et

    certitude. On peut y distinguer, néanmoins, trois parties différant par le contenu, du chapitre 1, verset 8 au chapitre 3 ; du chapitre 4 au chapitre 6, verset 19 ; du chapitre 6, verset 20 au chapitre 9. Le style des Proverbes est en général le style poétique le plus simple : mais il n’est pas partout le même. C’est surtout entre le premier et le second recueil que la différence de composition est sensible. Dans les chapitres 1 à 9, malgré un peu de diffusion, quelques répétitions et l’absence, en certains endroits, d’un développement régulier, le langage est plus noble, le ton plus élevé ; ils abondent en images vivantes et en prosopopées hardies ; les deux derniers chapitres, le 8 et le 9, comptent parmi les pages les plus sublimes de la Bible. Quant à la forme proprement dite, la structure des morceaux est peu régulière. Une pensée est quelquefois développée en deux ou trois versets, voir Proverbes, 1, 8-9 ; 3, 11-12 ; 6, vv. 1-5, 12-15, 16-19 ; d’autres fois elle embrasse une longue suite de versets ou même un chapitre tout entier, voir Proverbes, 2, 1-22 ; 5, 1-20 ; 6, 20-35 ; 7 ; 8 ; 9.

  1. Prov. 1,7 : ― Les insensés (stulli) ; sous ce nom, l’Ecriture désigne assez souvent les méchants, les impies. ― * La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. « Dans cette parole d’or, dit Umbreit, la philosophie de l’Orient se sépare nettement de l’Occident. Le sage [juif] parvient par la religion à la sagesse, tandis que le sage de l’Occident cherche à arriver par la sagesse à la religion. On peut expliquer ainsi ces paroles : L’homme religieux peut seul devenir véritablement sage. »
  2. Prov. 1,8 : * Ici commence une subdivision qui embrasse la fin de ce chapitre et les chapitres 2 et 3 entiers. Elle contient une exhortation générale à s’adonner à la poursuite de la sagesse, et elle se termine par des détails divers. Cette première subdivision, comme les suivantes, est indiquée par les mots, Écoute, mon fils, ou expressions analogues, voir Proverbes, 4, 1 ; 6, 20.
  3. Prov. 1,9 : Un agrément (gratia) ; un ornement, une couronne. ― * Les Orientaux comparent souvent les paroles des sages à des perles et à des ornements de prix, parce qu’elles ornent l’homme moral comme une parure.
  4. Prov. 1,11 : Au sang ; c’est-à-dire pour verser le sang. Compar. au vers. 16.
  5. Prov. 1,12 : Dans la fosse ; dans le tombeau. ― * Comme l’enfer, le scheôl, le lieu où étaient les âmes des morts.
  6. Prov. 1,16 : Voir Isaïe, 59, 7.
  7. Prov. 1,17-18 : De même que l’oiseleur tend inutilement son filet sous les yeux des oiseaux, parce que, lorsque les oiseaux le voient tendre, ils l’évitent, de même aussi les pécheurs manqueront leur but ; bien plus, ils tomberont eux-mêmes dans les pièges qu’ils tendent aux autres.