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[ps. lxxxvi.]
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LES PSAUMES.

de Sion plus que tous les tabernacles de Jacob.

3. Des choses glorieuses ont été dites de toi, cité de Dieu.

4. Je me souviendrai de Rahab et de Babylone qui me connaissent. Voilà que des étrangers et Tyr, et un peuple d’Éthiopiens ont été là.[1]

5. Est-ce qu’on ne dira pas de Sion : Un homme et un homme est né dans elle, et lui-même, le Très-Haut, l’a fondée ?[2]

6. Le Seigneur le racontera dans les écritures des peuples et des princes, de ceux qui furent dans elle.

7. Ceux qui habitent en toi ont la joie de tous ceux qui se livrent à l’allégresse.[3]

    seignement qui assurent la félicité des peuples. Cet honneur lui était prédestiné, parce que son roi devait donner a la terre la paix et la joie, et y répandre la lumière et la prospérité. Elle est fondée sur des montagnes saintes, etc. Quelle est belle, la lyrique couronne de louanges dont le poète pare la ville royale ! Qu’on se souvienne de tous les chants où Jérusalem est représentée comme la ville de Dieu et d’un royaume éternel, comme la tête de tous les peuples de la terre, et l’on se fera une idée des riches développements que les prophètes donnent à ces images. » (Herder.)

  1. Ps. 86,4 : Rahab ; ce mot hébreu, qui signifie proprement orgueil, fierté, désigne très probablement et poétiquement l’Égypte, ici aussi bien que dans Psaumes, 88, 11 et Isaïe, 25, 11 ; 51, 9 ; passages où la Vulgate elle-même a rendu le même terme hébreu par orgueil, superbe. ― Des étrangers ; c’est-à-dire les Philistins. Voir sur ce mot, Psaumes, 59, 10.
  2. Ps. 86,5 : Est-ce qu’on ne dira pas ; littér. ne dira-t-il pas ; ce qui revient au même ; car, dans les phrases semblables, le mot quelqu’un, ou le participe du verbe, formant le sujet, se sous-entend très souvent ; en sorte que le sens rigoureusement grammatical est : Est-ce que quelqu’un, ou un disant ne dira pas ? L’hébreu porte : Il sera dit ; ce qui est encore la même chose. Quant aux Septante, où on lit aujourd’hui : Une mère Sion dira, saint Jérôme, dans son Commentaire sur ce passage, soutient que les anciens exemplaires portaient, comme il traduit lui-même Numquid Sion dicet ? ― De Sion. C’est ce qu’exigent évidemment les mots suivants, dans elle. Ainsi, la traduction, à Sion, est un contresens. À la vérité, la particule hébraïque, mise devant Sion, marque ordinairement le datif, mais elle signifie aussi quelquefois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, ordonner, et qu’elle n’est pas suivie d’un verbe à la seconde personne, comme nous avons déjà eu l’occasion de le faire observer. ― Un homme et un homme ; c’est-à-dire un grand nombre, une multitude d’hommes.
  3. Ps. 86,7 : Ceux qui habitaient en toi ; littér. l’habitation en toi ; c’est un hébraïsme en vertu duquel le substantif se met très souvent au lieu de l’adjectif. ― * L’Église applique ce psaume à la très Sainte Vierge. M. Olier, dans ses mémoires inédits, donne un bel exemple des applications que l’on peut faire des chants sacrés aux offices liturgiques, par la manière dont il commente le Fundamenta ejus, entendu de la Mère de Dieu. « Les fondements, ou autrement les premiers sentiments et les prémices de la vie de la très Sainte Vierge sont élevés par-dessus les plus hautes montagnes de l’Église, c’est-à-dire par-dessus les âmes les plus parfaites et les plus éminentes de l’Église…, d’où vient que Dieu aime plus ces entrées, ou autrement ces portes, que les tabernacles de Jacob. Les entrées de la très Sainte Vierge sont deux, l’une cachée et inconnue, qui est sa sainte Conception ; l’autre est plus évidente, et c’est sa Nativité… Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei. Ô Sainte Vierge, vraie demeure de Dieu…, on ne peut exprimer la gloire et la grandeur de votre âme… Memor ero Rahab et Baby-