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[ps. lxxvii.]
LES PSAUMES.

comme un héros qui a été ivre de vin.

66. Il frappa ses ennemis par derrière ; il leur infligea un opprobre éternel.

67. Et il repoussa le tabernacle de Joseph, et ne choisit point la tribu d’Éphraïm ;

68. Mais il choisit la tribu de Juda, la montagne de Sion qu’il a aimée.

69. Et il bâtit comme une corne de licornes son sanctuaire, dans la terre qu’il a fondée pour les siècles.[1]

70. Il choisit David son serviteur, et il le tira du milieu des troupeaux de brebis : il le prit à la suite de celles qui étaient pleines,

71. Pour être le pasteur de Jacob son serviteur, et d’Israël son héritage.

72. Et David les fit paître dans l’innocence de son cœur, et avec ses mains habiles, il les conduisit.[2]

PSAUME 78.
(Hébr., LXXIX).


Le Psalmiste se plaint de la cruauté des ennemis de Dieu qui ont ruiné la ville et le temple de Jérusalem, et adresse des prières au Seigneur pour le peuple en captivité.

1. Psaume d’Asaph.[3]

Ô Dieu, des nations sont venues dans votre héritage, elles ont souillé votre saint temple ; elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits.[4]

2. Elles ont donné les corps morts de vos serviteurs en pâture aux volatiles du ciel ; et les chairs de vos saints, aux bêtes de la terre.[5]

3. Elles ont répandu leur sang comme l’eau autour de Jérusalem ; et il n’y avait personne qui les ensevelît.

4. Nous sommes devenus l’opprobre de nos voisins, la moquerie et le jouet de ceux qui sont autour de nous.

5. Jusques à quand,[6] Seigneur,
  1. Ps. 77,69 : Le sanctuaire dans la terre de Juda était unique comme la corne d’une licorne est unique sur le front de cet animal. D’un autre côté, la corne, en général, est le symbole de la gloire, de la force, de l’empire et de l’élévation : toutes choses qui conviennent parfaitement au temple de Jérusalem. ― * De licornes. Voir Psaumes, 21, 22.
  2. Ps. 77,72 : Avec ses mains habiles ; littér. avec les intelligences de ses mains. Le Psalmiste, dans les trois derniers versets, relève la droiture, la prudence et la sagesse de David, mort depuis quelques temps, pour convaincre de plus en plus Ephraïm de son ingratitude, d’avoir abandonné la maison de ce prince si juste, si sage, si religieux, et si manifestement choisi de Dieu.
  3. Ps. 78 : * Ce psaume est de la même époque que le Ps. LXXIII et se rapporte à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor.
  4. Ps. 78,1-4 : * Tableau lamentable de Jérusalem dévastée.
    Ps. 78,1 : * Une cabane à garder des fruits. En Palestine, il y a dans les champs et il y avait surtout autrefois des cabanes ou des constructions grossières en pierre pour servir de lieu de garde contre les voleurs. Ces tours de garde étaient le plus souvent inhabitées et presque toujours en mauvais état.
  5. Ps. 78,2 : Vos saints ; ce sont les Israélites fidèles, religieux, nommés dans le même verset vos serviteurs, c’est-à-dire les serviteurs de Dieu.
  6. Ps. 78,5-7 : * Que Dieu ait piété de son peuple honni et méprisé et qu’il châtie ses ennemis.
    Ps. 78,5 : Entièrement ; littér., dans les Septante et la Vulgate, pour la fin (in finem), et dans l’hébreu, entièrement, tout à fait ; expression qui est ici probablement synonyme de sans interruption, sans cesse.