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6. Et Judith se tint devant le lit, priant avec larmes, et par un mouvement des lèvres en silence,

7. Disant : Fortifiez-moi, Seigneur Dieu d’Israël, et regardez en cette heure les œuvres de mes mains, afin que, comme vous avez promis, vous releviez Jérusalem, votre cité, et que ce que j’ai pensé pouvoir être fait par vous, je l’achève.

8. Et, lorsqu’elle eut dit cela, elle s’approcha de la colonne, qui était au chevet de son lit, et détacha son poignard qui y était lié et suspendu ;

9. Et, lorsqu’elle l’eut tiré du fourreau, elle saisit la chevelure de sa tête, et dit : Fortifiez-moi, Seigneur Dieu, en cette heure.[1]

10. Et elle frappa deux fois sur son cou, trancha sa tête, tira son rideau hors des colonnes, et roula son corps (le tronc) en bas du lit.[2]

11. Et, un peu après, elle sortit, remit la tête d’Holoferne à sa servante, et lui commanda de la mettre dans sa besace.

12. Et elles sortirent toutes deux, selon leur coutume, comme pour la prière, elles traversèrent le camp, et, tournant le long de la vallée, elles vinrent à la porte de la ville ;

13. Et Judith cria de loin aux gardes des murs : Ouvrez les portes, parce que Dieu est avec nous ; il a exercé sa puissance en Israël.

14. Et il arriva que, lorsque ces hommes entendirent sa voix, ils appelèrent les anciens de la ville.

15. Et ils coururent tous vers elle, depuis le plus petit jusqu’au plus grand ; parce qu’ils s’attendaient à ce qu’elle ne reviendrait plus.

16. Et, allumant des flambeaux, ils tournèrent tous autour d’elle : mais elle, montant sur un lieu plus élevé, commanda qu’on fît silence. Et, lorsque tous se furent tus,

17. Judith dit : Louez le Seigneur notre Dieu, qui n’a point délaissé ceux qui ont espéré en lui ;

18. Et c’est par moi, sa servante, qu’il a accompli sa miséricorde qu’il a promise à la maison d’Israël ; et il a tué par ma main l’ennemi de son peuple cette nuit.[3]

19. Et tirant hors de la besace la tête d’Holoferne, elle la leur montra, disant : Voici la tête d’Holoferne, prince de la milice des Assyriens ; et voici le rideau du pavillon dans lequel il était couché dans son ivresse, et où par la main d’une femme le Seigneur notre Dieu l’a frappé.

20. Mais le Seigneur lui-même vit ! son ange m’a gardée, et lorsque je suis sortie d’ici, et tant que j’ai demeuré là, et lorsque je suis revenue ici ; et le Seigneur n’a pas permis que moi, sa servante, je fusse souillée : mais il m’a rappelée vers vous sans tache de péché, me réjouissant de sa victoire, de mon salut et de votre délivrance.[4]

  1. Judith 13,9 : Il faut bien remarquer que, chez les peuples de l’antiquité, le meurtre d’un ennemi fut toujours licite. Ainsi Judith, du consentement des chefs de Béthulie, ayant sur elle la délivrance de cette ville, a pu légitimement donner la mort à l’injuste agresseur de sa patrie.
  2. Judith 13,10 : Rideau. Le rideau servait de moustiquaire. Voir Judith, 10, 19.
  3. Judith 13,18 : Dieu a promis en effet qu’il protégerait les Israélites contre leurs ennemis, tant qu’ils le serviraient fidèlement et qu’ils observeraient sa loi. Voir Lévitique, 26, vv. 3, 7-8.
  4. Judith 13,20 : Le Seigneur lui-même vit ! Formule de serment, qui équivaut à : Je jure par le Seigneur lui-même que.