que en matière religieuse et d’un sentiment profond
de l’égalité que dérivent ces législations excluant
toute religion officielle. La neutralité de l’État est
essentiellement une neutralité bienveillante à l’égard
des religions dont l’utilité est très généralement reconnue.
Ainsi que l’a très justement fait observer
Minghetti, il y a une séparation juridique, mais une
véritable union morale entre l’État et les Églises, et
M. Bryce a pu aller jusqu’à dire que le « christianisme
est en fait considéré comme étant, sinon la religion
légalement établie, du moins la religion nationale ».
« Les fondateurs de notre gouvernement et les
auteurs de notre constitution ont reconnu qu’entre la
religion chrétienne et un bon gouvernement il y a
une intime connexion et que cette religion est le fondement
le plus solide d’une saine morale. » Ainsi
s’exprime un juriste américain dans une étude sur le
régime légal des Églises dans l’État de New-York.
Ces citations, auxquelles on pourrait en ajouter bien
d’autres, permettent de comprendre quelle est la conception
spéciale de la laïcité qui est admise aux États-Unis.
On s’explique ainsi le caractère très favorable aux Églises, aux a corporations religieuses » des législations qui les régissent.
On s’explique aussi certaines dérogations au principe de la neutralité qui pourraient, au premier abord, paraître surprenantes ; les allocations accordées par les Chambres fédérales à des chapelains appartenant aux diverses confessions chrétiennes, et qui disent des prières au début de chaque séance ; la proclamation annuelle du Président de la République ordonnant des actions de grâce ; les proclamations analogues de gouverneurs d’État fixant des jours pour la célébration de cérémonies religieuses ; les honneurs publiquement rendus et les égards officiellement té-