Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

— XLIII —

d’être transportés. Le zèle de M. Turcotte fut bien utile et ses secours arrivèrent bien à propos, car le matin quel- ques-uns de ces hommes étaient morts.

Lorsque M. Paquin se rendit au village, il y trouva MM. Desèves et Turcotte. Les officiers reçurent ces messieurs avec politesse et bonté. Les trois prêtres eurent la permission de visiter les prisonniers, et M. Paquin leur adressa quelques paroles de consolation ; il obtint aussi l’élargissement de quelques-uns d’entre eux. MM. Turcotte et Desèves prirent leurs noms ; ils étaient 112, des différentes paroisses de St-Eustache, St-Benoît, St- Jérôme et Ste-Scholastique. Plusieurs d’entre eux avaient été arrêtés la veille dans leurs demeures.

Cependant le général vainqueur avait résolu de ne point se borner à la conquête de St-Eustache et de marcher" immédiatement sur St-Benoît. A neuf heures, Sir John Colborne fit sonner la trompette du départ, et les troupes royales se mirent en marche pour le Grand Brûlé, laissant la garde du village de St-Eustache aux volontaires du capt. Globensky.

St-Benoît avait toujours été considéré comme le fort imprenable des rebelles ; c’est là qu’on disait qu’ils avaient concentré toutes leurs forces ; c’est là que se trouvaient presque tous les chefs les plus violens, et d’ailleurs St- Benoît s’était fait de tout temps remarquer par l’empor- tement patriotique de tous ses habitans et les violences commises contre les loyaux sujets du gouvernement.

La renommée avait rapporté que le village de St- Benoît était entouré d’excellentes fortifications, qu’il s’y trouvait une garnison de plusieurs milliers d’hommes et qu’il y avait des vivres et des munitions pour plusieurs mois ; aussi s’attendait-on à trouver à St-Benoît la résistance la plus opiniâtre. Mais la renommée avait beaucoup exagéré tous ces bruits, et il n’y avait rien de vrai drms tout cela. St-Benoît n’avait presque aucune sorte de fortifications, il n’avait pas plus de munitions que St-Eustache, et les événemens de la veille avaient produit un terrible effet sur sa vaillante garnison.