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— XLII —

entièrement nus, mais ils enlevaient tout ce qu’ils pouvaient déterrer dans les décombres. Des morceaux même de la cloche devinrent la proie de ces ravisseurs.

Le 15. — Le lendemain matin, un nombre considérable de personnes de la ville et des villages voisins était accouru à St-Eustache pour contempler le tableau de la vengeance terrible d’un gouvernement justement irrité. MM. Paquin et Desèves vinrent aussi au village. M. Desèves y vint le premier. Le spectacle qui s’offrit à ses yeux le navra de douleur ; il se rendit immédiatement au presbytère et à l’église, et il eut le bonheur d’y trouver, avec le secours de quelques habitans, et de retirer du milieu des cendres, deux coffres-forts encore tout rouges ; l’un était ouvert et on en tira un grand nombre de sous et de pièces d’argent à moitié fondues ou rougies. L’autre de fonte et extrêmement fort n’était nullement endommagé ; il renfermait en espèces £250 déposés au coffre de la paroisse par une riche veuve de la paroisse.

On fit de vaines recherches dans la sacristie et ailleurs pour retrouver les vases sacrés et l’argenterie ; tout avait disparu. Plus tard on retrouva quelques ornemens d’église ; mais c’étaient les moins bons et on en avait enlevé tout ce qu’ils pouvaient avoir de précieux. Par la suite, quelques pièces d’argenterie ont été rendues par des volontaires, mais en bien petit nombre.

Un des premiers soins de M. Desèves fut de s’informer du lieu où étaient les blessés pour les visiter. Ayant obtenu la permission de les confesser, il les entendit avec patience et se fit un plaisir de se pencher sur leurs grabats au milieu des cris de douleur et des larmes de ces infortunés pour leur donner les saintes consolations du ministère évangélique.

Déjà, la veille, M. Turcotte, curé de Ste-Rose, avait rendu ce service à quelques-uns d’entre eux. M. Turcotte avait suivi les troupes, et dès le soir de la bataille, il se rendit dans les divers endroits où se trouvaient des blessés et jusque sur la glace pour entendre la confession de quelques-uns d’entre eux qui n’auraient pu supporter