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fumantes, parmi lesquelles on trouvait ça et là des ca- davres défigurés, sanglans, à demi brûlés. On trouvait dans les bâtisses des lambeaux des cadavres à demi brûlés, des ossemens de crânes attestant que quelque malheureux avait péri. L’église était entièrement réduite en cendres, et la pierre de sa bâtisse était calci- née par le feu et criblée par les boulets sans nombre qu’on trouvait devant la porte ou dans l’intérieur. Une grande partie des meubles de M. Faquin périt dans l’in- cendie du presbytère, avec ceux de M. Scott, M. P. P., que ce monsieur y avait fait transporter quelques jours aupa- ravant lorsqu’il se sauva à Ste-Rose, et qui étaient des meubles fort riches. Le curé de St-Eustache perdit aussi ses animaux et ses grains qui furent brûlés et ses voitures qui furent volées. La perte de M. Dumont, le seigneur, a été fort considérable aussi.

Le nombre des maisons brûlées dans le village s’élève à environ 60, et c’étaient à peu près les plus b Jles. Ceux qui avaient vu quelques jours auparavant ce riche et joli village, ne pouvaient retenir leurs larmes, en n’y trouvant plus que des ruines saccagées et des décombres sanglans. Les maisons même que le feu n’avait pas détruites, offraient un pitoyable spectacle, car elles avaient presque toutes été pillées et plus ou moins endommagées. Tout dans cette scène de désolation rappelait le carnage et la vengeance.

L’incendie n’avait pas été entièrement restreint au vil- lage ; à un mille de l’église, sur les bords de la rivière, la belle maison de M. Bellanger avait été aussi réduite en cendres avec toutes ses dépendances. M. Bellanger était un riche habitant ; toutes ses récoltes furent brûlées dans ses bâtimens, et lui-même expie en prison le tort d’avoir été un des plus chauds partisans du Dr. Chénier.

St-Eustache était tout en ruines, et ses cendres fumaient encore, et cependant il y avait des gens assez barbares pour achever de détruire ce que le feu avait épargné. D’autres s’occupaient à piller avec une incroyable activité. Non seulement ils dépouillaient les morts et les laissaient