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— XXXV —

M. Félix Paquin, vint se placer à l’entrée du village et tous les canons ensemble commencèrent à foudroyer l’église avec une étonnante rapidité. L’ouvrage de ma- çonnerie était extrêmement solide et résista à un im- mense nombre de boulets qui furent tirés sans interrup- tion. Les portes seulement furent brisées.

Après une canonnade de deux heures environ la fusil- lade commença ; les carabiniers volontaires commandés par le capit. Leclère, le 32e régiment et les royaux s’é- taient approchés et commencèrent sur tous les édifices occupés par les rebelles un feu terrible, auquel ceux-ci ré- pondirent d’abord assez vigoureusement. Bientôt toutes les maisons occupées par les insurgés furent prises par les troupes. Un nombre considérable de rebelles fut tué. Le presbytère fut enfoncé, et tout fut mis en pièces. Un gros poêle qui se trouvait au milieu de la grande salle ayant été renversé, le feu qu’il contenait se communiqua à des paillasses étendues au milieu de la place : dans un instant tout fut en flamme. Le presbytère fut immédia- tement consumé : plusieurs individus qui s’étaient cachés dans les caves furent brûlés ou étouffés. M. Félix Paquin, neveu du curé, s’était échappé des mains des insurgés au commencement de la fusillade et s’était sauvé au presby- tère et caché dans une cave où il se croyait bien en sûreté. Il eut le bonheur de pouvoir sortir, à moitié grillé ; mais dès qu’il fut dehors il reçut une décharge de balles dont une le blessa et le renversa ; il fut fait prisonnier, mais il fut relâché bientôt après, lorsque les volontaires l’eu- rent reconnu. Sa blessure était à la jambe. M. De Mon- tigny qui se trouvait prisonnier avec lui eut le bonheur de s’échapper sans accident.

Les soldats s’emparèrent successivement de la maison seigneuriale et du couvent qui bientôt se trouvèrent em- brasés aussi, et dont tous les insurgés furent délogés par la fusillade ou par le feu, puis ils entourèrent l’église et se resserrèrent autour d’elle pour achever d’en déloger Chénier et ceux de ses gens qui étaient enfermés avec lui. Ce fut alors que M. B. Gugy fut dangereusement