Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— XXXI —

Mais ils furent bientôt tirés de leur erreur. Un coup de canon chargé à mitraille, tiré sur eux du côté nord de la rivière leur fit jeter les yeux de ce côté-là, et ils aperçurent l’armée, infanterie, cavalerie et artillerie, s’avançant en ordre et occupant un espace de deux milles au moins. À cette vue, leur courage les abandonna, le désordre se mit dans leurs rangs, et ils se sauvèrent à toutes jambes, les uns chez eux à travers les bois, les autres du côté du village, repassant sur la glace au travers de la mitraille qui en blessa quelques-uns.

L’artillerie s’était alors arrêtée avec le reste de l’armée sur la Grande Côte, dans une position qui domine entièrement le village, et commençait à en foudroyer les principaux édifices. En ce moment où les boulets se suivaient sans interruption, un jeune homme de dix-sept ans au service de M. Paquin, était resté seul devant le presbytère qui était vivement exposé et frappé à chaque instant. Son père l'ayant vu, lui cria : “Que fais tu donc là, malheureux, pourquoi ne te sauves-tu pas ? ne vois-tu pas les boulets passer autour de ta tête ?” “Je ne puis partir, repartit le simple jeune homme, M. le curé m'a dit de garder le presbytère.” Son père le décida pourtant à fuir, et tous deux se rendirent à leur demeure où ils furent arrêtés plus tard ; mais le lendemain ils furent mis en liberté sur la recommandation du capt. Globensky et de M. Desèves, qui affirmèrent que ni l’un ni l’autre n'avaient pris aucune part à la rébellion.

Cependant le général Girod et le major Chénier ramassèrent le pl us de monde qu'ils purent dans le village, et les engagèrent ou les forcèrent l'épée à la main à entrer dans l’église ; ils barricadèrent les portes avec les poëles et les bancs, et firent briser les vitres afin que leurs soldats pussent tirer par les fenêtres. Le Dr. Chénier se renferma dans l'église avec 60 ou 80 hommes. D’autres troupes furent postées dans le presbytère, dans le couvent, dans la maison de M. Dumont et dans celle de M. W. H. Scott M. P. P. Mais le plus grand nombre prit la fuite à travers les champs et les bois. D’après les informations les plus