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avait agi d’après ses ordres, et qu’il avait même ordonné de tirer sur eux s’ils faisaient résistance ; car il rejeta cette violence sur la confusion inséparable d’un rassemblement d’hommes indisciplinés et assura qu’il n’y avait pris aucune part. Cette visite eut pour effet cependant de rassurer parfaitement M. Faquin et son vicaire.

Le 8. — Le lendemain, jour de la conception de la Vierge et fête d’obligation parmi les catholiques,. M, Faquin se trouvant mieux, les deux prêtres se rendirent ensemble au presbytère. La grand’messe fut chantée, comme à l’ordinaire, et un grand nombre de personnes y assistèrent. Depuis la veille, il y avait au moins 1500 hommes au village, et à chaque instant il en arrivait de nouveaux, de tous côtés. L’office de l’après-midi eut lieu aussi à l’heure accoutumée et un nombre considérable remplissait l’église. A partir de ce jour-là, les deux prêtres se rendirent régulièrement au village, y dirent la messe, y passèrent la journée sans être nullement inquiétés, et le soir ils quittaient le village pour se rendre à la ferme de M. Faquin.

Le 9. — Les insurgés faisaient alors du pillage leur principale occupation ; ils allaient dans toutes les fermes, mettaient à contribution tous ceux qui ne marchaient pas avec eux, et de gré ou de force, s’emparaient de ce qu’ils avaient de mieux en bétail, chevaux, voitures, etc. Le neuf décembre, ils prirent vingt-six bœufs chez un seul habitant, M. Kempton, de Ste-Thérèse. En allant à cette expédition, ils s’arrêtèrent chez un habitant de la Grande Côte de la Rivière du Chêne et exigèrent qu’il leur prêtât ses chevaux pour amener leur butin ; cet homme, nommé Benjamin Lefebvre, craignant que ses chevaux ne fussent maltraités, voulut les suivre et les conduire lui-même. Sa présence à cet acte de pillage fut la cause que plus tard il fut emprisonné.

Le 10. — Le dix était un dimanche ; les offices Divins eurent lieu comme à l’ordinaire ; l’église et ses ministres ne reçurent aucune insulte, mais on ne vit guère aux offices que les individus qui formaient le camp de St-