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— IX —

Girod et Chénier conduisirent les individus qu’ils avaient ainsi ramassés jusqu’au fort des sauvages, à la mission du lac. Là ils visitèrent les magasins du gouvernement, en enlevèrent de force des munitions et des fusils. Ensuite ils se rendirent à la maison de la mission, entrèrent dans la cour et les appartemens, et malgré la vive résistance de Messire Dufresne, supérieur de la mission, ils enlevèrent un canon appartenant aux missionnaires, et transportèrent toutes leurs prises à St-Benoît.

Girod et Chénier firent de vains efforts pour engager les sauvages à prendre parti pour eux et à leur livrer deux canons et d’autres armes qui se trouvaient en leur possession et qui leur appartiennent ; les sauvages se montrèrent si bien déterminés à défendre leurs propriétés que les insurgés n’osèrent les attaquer. Girod eut une longue entrevue avec le chef sauvage, et il s’établit entre eux un dialogue fort curieux, dans lequel le sang-froid et le bon sens de l’enfant de la nature triomphèrent des ruses et de la violence du chef rebelle.

Le Ier décembre. — Le vendredi, premier jour de décembre, le Dr. Chénier, accompagné d’un nommé François Guérin, se rendit au presbytère de St-Eustache et demanda hardiment à Messire Paquin, curé de la paroisse, s’il voulait lui livrer les clefs du couvent nouvellement construit auprès de l’église, et qui n’était pas encore occupé par les sœurs. M. Paquin s’y refusa, en disant que l’honneur et son devoir lui défendaient également de le faire ; le Dr. s’emporta alors, s’empara par violence des clefs du couvent et y établit le camp des insurgés composé de quelques individus de la paroisse et d’un grand nombre d’étrangers.

Le 2 déc. — Pendant toute cette journée et celle du lendemain, les insurgés s’occupèrent à visiter et à fouiller les maisons du village et des environs, et en enlevèrent tout ce qu’ils purent y trouver de munitions, d’armes et de provisions pour nourrir les individus du camp. Dans la soirée du 2, il pouvait se trouver au