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— VIII —

la belle-sœur de celui-ci, fille de M. Ainse, seigneur de l’Isle de Ste-Thérèse. Depuis lors, il a toujours vécu sur la terre de son beau-père, située dans l’isle. Là, il s’est occupé continuellement à travailler à divers ouvrages politiques, à composer des discours pour les assemblées du comité central, etc. Il s’était imposé comme un fardeau à tous les chefs patriotes qui le haïssaient, mais n’osaient le brusquer. Lui-même haïssait cordialement Papineau et la plupart de ses amis ; souvent en secret il écrivit contre eux ; mais il les flattait au dehors parce qu’il espérait qu’ils feraient une révolution et qu’il comptait alors se procurer une place avantageuse. Il était d’un caractère à la fois haut et rampant, dur, brutal même dans ses paroles ; sans cesse en querelle avec tous ses voisins, et n’ayant aucun ami. Dans les derniers temps il prit une part fort active dans les troubles. Voyant qu’il ne pouvait soulever Varennes où il n’avait aucune influence, il entreprit de soulever la paroisse de la Pointe-aux-Trembles où il se rendait régulièrement deux fois par semaine pour haranguer les jeunes gens et les dresser aux exercices militaires. Il se trouvait à Montréal le jour du conflit entre les enfans de la Liberté et le Doric Club. Il fut un des auteurs de l’assemblée et un des plus prompts à se sauver lorsqu’on en vint aux coups. Lorsque les arrestations commencèrent, et que Papineau quitta Montréal, pour se sauver dans le sud, il passa par l’isle Ste-Thérèse et y vit Girod. Sans doute il le chargea d’aller dans le nord seconder les efforts que d’autres allaient faire dans le sud, car immédiatement Girod se rendit au comté du Lac des Deux-Montagnes, y prit le titre de général en chef, et contribua beaucoup par son audace et ses mensonges à décider les mouvemens qui eurent lieu. Les lecteurs excuseront sans doute cette courte digression sur le génl. Girod ; l’auteur a cru devoir tracer cette petite esquisse, quoique bien imparfaite, sur un homme qui a joué un rôle important dans cette histoire. Revenons aux faits du 30 novembre.