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— VI —

Turcotte, curé de Ste-Rose, venait d’arriver, plusieurs personnes se précipitèrent toutes effarées dans la maison, pour prévenir lès prêtres qu’un courrier venait d’arriver à toute bride, et qu’il assurait que les rebelles le suivaient de près, se dirigeant sur le village et désarmant sur leur route tous ceux qu’ils soupçonnaient de n’être pas favorables à leurs projets. Ce courrier était M. Eustache M’Kay, du Petit Chicot, concession de St-Eustache. Partout sur son passage il avait donné l’alarme et il jeta une telle épouvante dans le village que dans un instant les rues se remplirent d’une foule curieuse et effrayée ; chacun s’interrogeait, se consultait, se questionnait, et au milieu de ce trouble et de cette confusion ; les nouvelles grossissaient rapidement et avec elles la terreur. Dans l’instant même plusieurs familles entières partirent pour la ville, fermant leurs maisons et les abandonnant toutes meublées, pour mettre leurs personnes en sûreté. D’autres constitutionnels allèrent se cacher dans les paroisses voisines.

Au milieu de la confusion qui régnait dans le village, arrivèrent deux émissaires du Grand Brûlé, et leur arrivée augmenta encore le désordre. Ces deux émissaires étaient MM. Féréol Peltier, avocat, de Montréal, et Camille Dumouchel, de St-Benoît. Ils ne parurent faire aucune attention au mouvement qui se faisait dans le village ; cet état de choses leur semblait sans doute naturel ; ils s’arrêtèrent un instant chez M. W. H. Scott, M. P. P., et de là gagnèrent tranquillement la demeure du Dr. Chénier. M. Eustache M’Kay se rendit bientôt au presbytère et vint y répéter lui-même les nouvelles qu’il avait déjà répandues dans lé village. Il était pâle et agité. Sa figure témoignait une violente colère. Il était armé d’un sabre et de deux pistolets, qu’il nous montra en disant qu’avec ces amis-là il se souciait peu des patriotes ; il partit aussitôt pour Montréal où il entra dans les rangs des volontaires qui plus tard accompagnèrent les troupes à St-Eustache, dans l’expédition du nord.