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Je ne parlerai pas non plus des chefs de St. Benoît, qui, ^u dire de M. l’abbé Paquin, seraient plus qu’à blâmer ; mais je puis dire, et sans vouloir blesser per- sonne, que je ne puis m’expliquer la cause qui a empêché ces chefs de concentrer leurs forces sur St. Eustache, sachant que ce village devait essuyer le premier choc, le premier feu, au lieu de garder ces forces ou réserves à St. Benoît où l’ennemi ne pou- vait arriver qu’après avoir battu les insurgés de St. Eustache. Sans doute qu’en adoptant une telle tactique, il y avait un but particulier ; mais quel était-il ? Voilà ce que je ne puis m’expliquer, d’autant moins que la paroisse de St. Benoît n’est éloignée de celle de St. Eustache que de quatre lieues et je suis naturellement porté à me dire : cette manœuvre ne pouvait que diffici- lement être greffée sur l’art militaire, car en divisant ou en affaiblissant ainsi des forces qui déjà n’étaient pas trop nombreuses, on s’éloignait certainement des règles militaires d’un véritable tacticien, d’un véritable général. Personne ne peut en douter, parce que le soldat ex- périmenté doit mieux savoir placer ses troupes, soit pour les mettre en mouvement, soit pour qu’elles s’entr’aident, soit pour les faire manœuvrer et les conduire plus habi- lement au combat. Sans doute que ce plan fesait partie des combinaisons profondes du fameux Girod, qui s’était constitué le général en chef, et que les chefs de St. Benoît ne connaissaient point encore.

Ne parlons plus de ce général de triste figure.

Mais, je le répète, si j’ai consigné ces quelques faits historiques dans cet ouvrage, ce n’est ])oint avec l’intention de blesser qui que ce soit ; car en parlant des chefs de St. Benoît, je parle d’hommes honorables qui, comme bien d’autres, se sont laissés tromper par un faux général, par un faux brave. En parlant de ces chefs je parle de ceux qui, avant et après 1837, furent les amis &e ma famille et je ne pourrais les censurer ni les attaquer.