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quait point d’élégance et de fierté ; mais en acquérant de l’âge, il fut affecté par un excès d’embonpoint qui sem- blait le fatiguer ; cependant, son énergie physique et morale, en présence de l’accomplissement de ses devoirs de pasteur, lui faisait oublier et dompter facilement sa pénible obésité.

Sur ses épaules athlétiques on admirait une tête et une figure larges et belles où rayonnaient l’intelligence, la fermeté et la volonté. Son œil bleu, vif et animé, sem- blait vouloir pénétrer jusque dans les plis et replis les plus profonds de l’esprit et du cœur de ceux qu’il ques- tionnait ou de ceux auxquels il s’adressait.

D’un tempérament sanguin, la circulation du sang devait se faire avec impétuosité dans ses veines ; aussi, n’aimait-il pas la contrariété, les obstacles, par- ticulièrement quand une opposition lui était faite par des opposants frivoles, irréfléchis, préjugés et sans savoir.

Mais si dans les contrariétés vexatoires, il était d’une humeur vive, voire même emportée, d’un autre côté sa promptitude de caractère comme celle de son intelli- gence et l’excellence de son cœur l’aidaient facilement à faire un retour sur lui-même, et alors il calmait et persuadait ceux qui s’opposaient à ses arrêts, à ses fins.

Il exerçait une grande influence sur ses paroissiens. Il profitait et abusait quelquefois, disent ses contempo- rains, de cette autorité et de cette ascendance pour fla- geller et humilier ses adversaires, auxquels il parlait avec un sans gêne et une familiarité que l’on pouvait compa- rer à celle d’un père avec ses enfants. Quoique brusque, prompt et rude, il était cependant universellement aimé et respecté par ses paroissiens, que d’ailleurs il aimait lui- même de toute la tendresse d’un véritable père. Chacun . savait que après l’orage arrivaient le calme, la douceur et les bienfait».