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Quant à moi, je me sauvai avec un nommé Gosselin par le chemin couvert qui menait à la sacristie, et nous nous élançâmes sur la glace. Les balles sifflaient au- dessus de nos têtes, mais nous eûmes le bonheur de ne pas être blessés. Sans perdre un instant, nous accélé- râmes notre course et nous arrivâmes près du Grand- Moulin où nous vîmes, sur une pointe de terre sise sur le côté sud de la rivière, un groupe de personnes regardant le combat et les fuyards. Parmi ces spectateurs se trou- vait M. Thomas Brunet dont je parle plus haut, et aussi- tôt qu’il nie reconnut, il s’élança sur la glace, me bara le passage et me fit prisonnier. Aussitôt que la bataille’ fut terminée, il me lia les mains avec une corde et me conduisit au village où je fus incarcéré avec un grand nombre d’autres insurgés, dans le hangar de pierre appar- tenant à M. Féré.

Le lendemain matin, le capitaine Globensky entra dans notre prison, et plusieurs d’entre nous qui le con- naissaient le prièrent d’intercéder pour nous et de nous faire donner quelque chose à manger, vu que nous cre- vions de faim. Il s’empressa de nous faire apporter des vivres, et dans un moment où la sentinelle avait été détournée par lui de la surveillance de la prison, il me dit, ainsi qu’à plusieurs autres prisonniers de St. Eustache : *’ Sauvez-vous, allez vous cacher, ne vous montrez nulle part, parce que si vous êtes repris vous serez tous pendus. " Je m’élançai alors vers lui pour lui témoigner ma reconnaissance ; mais il me saisit par