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les insurgés de déserter le camp, et en même temps, pour emprisonner tous les loyaux qui approchaient du village ou qui voulaient s’y introduire.

J’affirme que parmi les habitants de St. Eustache et ceux qui formaient le camp de la rébellion, un grand nombre d’entre eux y avait été amené par la force, par les menaces, et d’autres parce qu’on leur disait qu’on s’y divertissait et qu’on y faisait bonne vie et bonne chair.

Je me rappelle fort bien que durant mes fonctions de piquet ou de sentinelle, j’ai voulu arrêter M. Thomas Brunet pour l’amener au camp ou le faire prisonnier, et cela de la même manière qu’il le raconte lui-même dans sa déclaration donnée le vingt-quatrième jour du mois de février, mil huit cent quatre-vingt ; mais comme M. Brunet était un homme brave et renommé par sa force, je ne voulus point forcer mes compagnons à engager un combat avec lui, et il passa outre en me disant que plus tard je me souviendrais de lui. Malheureusement pour moi, ces menaces devaient bientôt être mises à exécution, comme je vais le narrer.

Le jour de la bataille arrivé, jour de combat auquel nous ne nous attendions point, j’entrai dans l’église avec tous ceux que l’on forçait d’y pénétrer, et je fus placé au premier rang pour tirer sur les troupes. Malheureu- sement, notre résistance ne fut pas longue, car après avoir déchargé mon fusil autant de fois que j’ai pu, je fus obligé avec tous mes compagnons de prendre la fuite.