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bien que je suis son ami tout dévoué et que jamais je ne le dénoncerai." Alors, il ouvrit lui-même Une porte et se présenta devant moi, en me disant : qu’il se fiait à ma parole d’ami, à ma parole de gentilhomme, et il ajouta après un long pourparler, qu’il avait décidé de ne plus s’occuper de la rébellion. Je lui répondis : "Ton abandon et ta fuite ont démoralisé un grand nombre de patriotes et tu as beaucoup mécontenté Girod ^t Chénier." Il me répliqua : que ces deux derniers étaient des exaltés, deux véritables fous, qu’ils ne savaient ce qu’ils faisaient et qu’ils seraient la cause de bien des malheurs.

Enfin, voyant que mes instances ne pouvaient faire changer la résolution de mon ami Scott, je retournai à St-Eustache bien consterné, bien ébranlé dans ma fer- meté et je dis à Girod et à Chénier : que je n’avais pas vu Scott et j’ajoutai que notre rébellion et notre arme- ment étaient un acte de folie, vu que nous n’avions pas d’armes et encore moins de munitions de guerre. Le Dr. Chénier me répondit : que nous n’avions pas besoin d’une grande provision de guerre et que quand bien même y aurait-il une armée à St-Martin, elle ne serait pas assez brave pour venir attaquer notre camp et que con- séquemraent il n’y avait aucun danger à appréhender.

Ces protestations d’assurance me furent répétées le matin même de la bataille, 14 décembre, par le Dr. Ché- nier^ Girod, le curé Chartier et autres chefs, qui, à l’ex- ception de Chénier, prirent tous la fuite au premier coup de canon tiré par l’armée anglaise.

Quand ce premier coup de canon fut tiré, je me rendis