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l’administration anglaise entre 1764 et 1773, pour trouver la preuve que les Canadiens-français étaient fort mal vus par leurs conquérants.

Heureusement pour eux, la Grande Bretagne voyant le Canada menacé par l’envahissement des troupes américaines, voulut, soit par générosité soit par une savante politique, essayer à s’attacher les Canadiens et s’en faire des défenseurs ; aussi, le despotisme et l’arbitraire disparurent momentanément et l’Angleterre se décida à octroyer, en 1774, le bienfait d’une charte par laquelle les Canadiens conserveraient le libre exercice de leur religion, de leurs lois civiles et de leur droit légitime de citoyens dans les affaires administratives.

En retour de cette sage mesure, les Canadiens oublièrent leurs griefs.

Ils refusèrent toutes les promesses séduisantes qui leur étaient faites par les Américains, afin de les entraîner à marcher avec eux ; car ils connaissaient le peu de valeur, le peu d’importance qu’ils devaient attacher aux promesses trompeuses et intéressées des Américains, qui venaient justement de blâmer l’Angleterre d’avoir accordé à ses colons français le libre exercice de leur religion et des prérogatives attachées à la sanction royale.

Les Canadiens oubliant avec générosité le passé et les persécutions auxquelles ils avaient été en butte, volèrent au secours des armées anglaises et contribuèrent puissamment à repousser et chasser du sol canadien les troupes américaines qui, en 1775, avaient décidé de s’emparer du Canada. Et si l’Angleterre a pu conserver en 1775 ses possessions du Canada, elle le doit certaine-