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Pour être libre, il prend n’importe quelle position.

Il entre au Ministère de l’instruction publique. Rue de Grenelle, au coin de la rue Bellechasse.

200 francs par mois.

Étant bohème, il est heureux.

Il est également amoureux.

Depuis quinze jours seulement.

Celle qu’il aime est aussi dans un ministère.

Celui des Télégraphes.

Rue de Grenelle.

120 francs.

Elle travaille plus qu’un homme, mais elle gagne moins.

Pourquoi ? — Parce qu’elle est femme.

III

Albert Purty est timide.

Celle qu’il aime est innocente.

Étant très jeune, cela se peut…

Il n’ose lui avouer son amour.

Mais il a une idée lumineuse.

Il sait l’alphabet Morse.

Elle aussi, — puisqu’elle s’en sert tous les jours.

Albert écrit à la craie sur sa serviette ces mots :

. ——— . … — ——— . . — . — .. —— .
J. — ev o…… u sa ime

Comme elle passe auprès de lui, il les lui montre.

Elle rougit.

Lui aussi.

Moins qu’elle pourtant.

Pourquoi ? — Parce qu’il est homme.

IV

Il est neuf heures du matin.

Albert Purty est dans sa chambre.

Au cinquième.

Troisième porte à droite.

Presque au ciel.

Il mange.

Une côtelette et de la charcuterie.

On frappe.

Les bohèmes ne connaissent pas les sonnettes.