des personnages autrement réels, autrement vivants que des princes de Calabre, des généraux de Bellepoigne, des colonels du Helder ! Tous les lecteurs de l’amusant volume Autour du mariage, qui se délectaient par avance, croyant retrouver, dans la Paulette du Gymnase, la Paulelte de la Vie Parisienne, ont été cruellement déçus : M. Hector Crémieux a fait de tels remaniements qu’il ne reste presque plus rien de la donnée primitive. Et ce qui a contribué encore plus à glacer complètement le spectateur, c’est l’apparition de la réclame sur la scène. Nous avions bien le rideau-réclame ; mais, au Gymnase, du moins, il n’était encore jamais venu à l’idée d’un auteur de faire recommander par un de ses personnages la maison qui n’est pas au coin du quai, ou celle qui rend l’argent quand les objets ont cessé de plaire. M. Crémieux, lui, dont l’avis est qu’il faut encourager le commerce, n’a pas hésité. N’ayant rien de mieux à faire faire à Paulette d’Allaly, pendant le second acte, il l’envoie tout bonnement chez Lheureux — alias Félix, — essayer des robes collantes, il n’est pas jusqu’à madame Chimène — pour ne pas dire Rodrigue, — qui n’ait sa petite annonce. Je sais bien qu’au point de vue artistique, cette invention n’est pas heureuse, mais au point de vue monétaire, ça ne doit pas être si mauvais que cela.
Mademoiselle Hading a beau être charmante, sa création de Paulette ne sera jamais son plus beau titre de gloire. Son début comme comédienne n’en a pas moins été fort honorable, et elle a droit à tous nos remerciements pour le dévouement qu’elle a montré, ainsi que l’amusante Desclauzas et la belle madame Devoyod. Même observation pour Saint-Germain, Landrol et Noblet, qui, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ont rendu leurs rôles presque possibles et se sont fait applaudir quand même.
Signalons, pour finir, deux opérettes fort spirituelles : aux Nouveautés, le Roi de carreau et aux Bouffes-Parisiens, Madame Boniface.
En France (XVIIIe et XIXe siècles), par M. Mézières, de l’Académie française : Hachette et Ce, éditeurs. — M. Mézières a réuni en un volume une série d’articles publiés par lui, depuis 1870, dans le Journal des Débats. Divers ouvrages relatifs aux hommes et aux événements politiques de la France aux XVIIIe et {XIXe siècles en ont, au moment de leur apparition, successivement fourni les sujets. Diderot, les de Broglie (le duc, le comte et l’abbé), Montcalm, les Mirabeau, le
