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Maints héros, moins de sang que d’aurore empourprés ;
Chef-d’œuvre impérissable, où tout gronde et bouillonne,
Qui va du sombre Athos au jeune Bragelonne,
En passant par Vingt ans après.


Mais de telles hauteurs ton essor gigantesque
S’abaisse quelquefois au vallon pittoresque,
Aux grands bois, aux doux nids, aux larmes du rocher,
Qui s’en étonnerait ? Chaque rêve a son heure,
L’autre n’a pas toujours le zénith pour demeure !
L’aigle, quand il veut, sait marcher.

Alors conteur charmant, ta plume nous promène
Par les divers séjours de la famille humaine,
De la Seybouse au Rhin, de VAtlcis au Righi ;
Tu nous peins l’Allemagne et ses munsters gothiques,
Et les mornes forêts, aux arceaux fantastiques,
Où les vieux Galls cueillaient le gui.

Puis c’est l’harmonieuse et brillante Italie,
Et Pompéia, qui dort dans l’ombre ensevelie,
Et Napoli, qui chante aux lueurs des brasiers ;
Les Sierras, où bruit le flot des cascatelles ;
La Suisse, aux libertés encor plus immortelles
Que la neige de ses glaciers.

Quelle que soit la cime ou la rive choisie,
Pour bercer ton exquise et folle fantaisie,
La nature toujours à ton regard sourit ;
Quels que soient les tableaux que ton pinceau caresse,
Partout s’épanouit la fleur enchanteresse
De ton éblouissant esprit.

Mais ton vaste génie, à l’étroit dans le livre,
Voulut mieux ; le théâtre où l’acteur fait revivre