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traduites par d’autres femmes, mesdames Létant, Le Page et Robert.

Mistress Craik est moins connue en France que miss Braddon et Virginia Townsend, et c’est regrettable, car elle est infiniment supérieure à ses deux émules pour la réalité du détail intime et la délicatesse de l’observation psychologique.

Voilà pour l’agréable. Quant à l’utile, il se trouve représenté par un certain nombre de publications historiques. Bornons-nous pour aujourd’hui à citer la Vie du général Hoche, beau volume orné de six dessins par Tony Favier, et soigneusement édité par la maison Ch. Bayle Les deux auteurs, MM. Dutemple et Launay, ont étudié l’illustre soldat dans son triple rôle de citoyen, de vainqueur de l’Allemagne et de pacificateur de la Vendée. La jeunesse des écoles à qui ce livre est spécialement destiné puisera dans ces belles pages les sentiments de patriotisme qui doivent l’animer aux heures difficiles que nous traversons.

Brancart, de Bruxelles, l’éditeur cher aux bibliophiles, vient de nous adresser divers volumes de luxe, entre autres un ouvrage d’une nature mixte dû au bibliophile Jacob, ce grand extracteur de quintessence historiale, comme dirait Rabelais. Ce sont de curieuses recherches historiques sur les Maladies de Vénus dans l’antiquité et le moyen âge. Cette thèse, qui relève autant de la critique médicale que de la critique historique, peut se résumer dans les trois propositions suivantes : 1o La maladie de Vénus n’a rien de commun avec la découverte de l’Amérique ; 2o elle existait au moyen âge, et la lèpre n’était qu’une de ses variétés ; 3o l’antiquité elle-même la connaissait. Ce dernier point est important à noter, car il heurte les opinions admises jusqu’à ce jour par l’universalité des auteurs. Pour ne citer que le premier qui nous revient à la mémoire, Jules Janin, dans son étude sur Ovide, félicite hautement les Romains d’être affranchis de ce fléau qui sévit si cruellement sur les sociétés modernes. En somme, la thèse du bibliophile Jacob est bien écrite et brillamment soutenue. Relatons, pour finir, une nouvelle littéraire de la province. Notre collaborateur Morice Viel, l’un de ces heureux mortels qui passent l’été sur leurs terres et l’hiver à Hyères, vient de fonder dans cette localité, sous le titre de Hyères-Journal, une spirituelle feuille d’aspect tout parisien à laquelle il consacrera les loisirs de son quartier d’hiver.

Louis FIÈRE.
Le Gérant : CH. NOBLET.

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