Page:La libre revue littéraire et artistique, 1883.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentiment de rusticité, et d’une composition ingénieuse et hardie. M. A.-Lefeuvre expose, en outre, l’Adolescence : dans les yeux de cette fillette s’extasie l’étonnement de la vie petit à petit découverte et comprise ; l’anatomie de ce petit corps, en qui naissent les troubles de la puberté, est largement traitée, mais rigoureusement exacte, depuis les seins naissants que tire vers les aisselles le gracile mouvement des bras, jusqu’aux genoux, où les fossettes latérales de la rotule et l’indication de l’ossature ne sont pas encore apparentes.

À citer l’Arlequin bien connu de Saint-Marceaux, aussi spirituel que celui de Théophile Gautier ; la tête lumineuse et géniale de Claude Bernard, par Iselin ; la Madame Roland, la Jeune Contemporaine et la Lecture, de notre collaborateur Émile Chatrousse ; la Vague, d’Athanase Fossé.

En 1857, Edmond About disait à Hamon, le pasticheur des peintres de la Petite-Grèce : Si vous continuez, vous exposerez l’année prochaine des « jeunes filles faisant frire des roses » ; l’année suivante des « roses faisant frire des jeunes filles » ; et la troisième année… mon imagination s’épouvante ! — Eh bien, le Salon de sculpture est plein de faiseurs qui en sont à cette troisième année. Et alors le marbre est stupéfait, le plâtre confus et le bronze indigné de donner un corps à d’indicibles niaiseries, inventions saugrenues d’une esthétique lamentablement enfantine : babies suçant des biberons à ressort, Cupidos piqués au talon par une ronce, etc. Le no 978 est intitulé : « Bébé, soyez sage ! » Pour qui donc les guillotines sont-elles faites ? Ajoutez à cela une énorme quantité de quelconqueries piteuses et de bustes insipides, une profusion de Chloés et de Psychés modelées de « chic ». Ô ces sculpteurs de jolies choses, mignardes, gentillettes et léchées ! Ô la queue de Canova ! Et encore Canova faisait poser devant lui la princesse Pauline Borgbèse ; mais sur quelle chair vivante copient-ils, eux, ces sujets de pendule, idoines tout au plus à exciter la lubricité des vieillards libidineux, comme l’a si bien expliqué Clément Privé en un sonnet d’une magistrale impudeur ?

FÉLIX-FÉNÉON.

CHRONIQUE DRAMATIQUE

Cluny. — L’Affaire de Viroflay, comédie en trois actes de MM. Gaston Hirsch et E. Mendel. — Odéon. — La Famille d’Armelles, drame en trois actes de M. Jean Marras. — Comédie-Française. — Les Maucroix, comédie en trois actes de M. Albert Delpit. — Vaudeville. — Les Affolés, comédie en quatre actes de MM. Ed. Gondinet et Pierre Véron.