Page:La libre revue littéraire et artistique, 1883.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

EXPOSITION NATIONALE
DES BEAUX-ARTS

(15 Septembre — 31 Octobre 1883)

PEINTURE
(Suite)

Voici la Naissance de Vénus, de M. William Bouguereau. Cette confiserie nous donne des nausées. M. W. Bouguereau, célèbre dans les deux Amériques et même en France, hélas ! est un excellent membre de l’Institut, un officier de la Légion d’honneur émérite et un négociant hors ligne… mais un peintre, — oh non !

L’atmosphère de la salle no 20 est glaciale : c’est là, en effet, que M. Cabanel a installé ses dix tableaux.

De Bonnat, le Job du Salon de 1880 et les portraits de madame d’Adelsward, de Jean Gigoux, de Cogniet, de l’évêque de Carcassonne et de M. Lesoufâché. Toujours les mêmes défauts et les mêmes qualités, — très grandes celles-ci.

J’aurais voulu parler de Baudry, de Nittis, de Brozic, de J. P. Laurens, de Rochegrosse, de Gabriel Ferrier, de Hagborg, de Roll, de Lopisgich, de Moreau de Tours, de Max Liebermann, de Welden-Hawkins, de Smith-Hald, de Maignan.

Vibert expose son horrible Apothéose de M. Thiers et d’amusantes scènes de la haute vie de la curie romaine ; — M. Armand Point, une Halte de zouaves en Tunisie ; — notre collaborateur P. A. Brouillet, la Violation du tombeau d’Urgel et un Chantier.

Le Portrait de miss Lizzie B., de dimensions minuscules, est digne d’être regardé longuement. M. L. A. Girardot, son auteur, a fait preuve d’un talent très fin, très chercheur, très consciencieux. Faisant pour miss Lizzie ce que fit Zadig pour le cheval de Moabdar, il serait facile de déterminer son caractère, sa vie, ses goûts, son âge et ses habitudes par l’étude de son chapeau, de ses cheveux, de ses yeux et de son col, tant chaque détail de ce portrait est caractéristique.

Jozef Israëls, de Groningue, nous montre trois tableaux, — l’Enfant qui dort, le Chemin journalier, le Sacristain et sa femme, — qui font songer à Dickens.

Hébert occupe sept numéros du livret, avec ses têtes d’une langueur