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LA COMÈTE


Une comète vient à nous à toute vitesse. Actuellement visible dans les lunettes, on pourra la voir à l’œil nu vers le commencement de décembre et pendant le mois de janvier, dans la direction de l’ouest, un peu après le coucher du soleil. Comme elle ne sera élevée que de quelques degrés au-dessus de l’horizon, son éclat, obscurci par les brumes, sera probablement peu sensible.

Après cette courte apparition, la vagabonde, poursuivant sa course échevelée, descendra dans l’hémisphère austral ; nous, habitants du Nord, nous ne la verrons plus.

Dans la journée du 26 janvier, elle atteindra son minimum de distance au soleil, et s’en éloignera de nouveau. Pendant cinq mois encore, les astronomes de l’hémisphère austral pourront la voir ; puis, son éclat s’affaiblissant de jour en jour, elle finira par disparaître, même pour les plus forts instruments, dans les profondeurs infinies. Dans soixante-douze ans environ, nos petits-enfants la verront luire de nouveau.

Notre visiteuse, nommée par les astronomes comète de Pons, fut découverte le 20 juillet 1812 par Pons, portier de l’observatoire de Marseille, heureux chercheur de comètes. Quelques jours après, le 1er août, Bouvard, directeur de l’observatoire de Paris, la découvrait, lui aussi, avant de savoir qu’elle avait été déjà signalée par Pons.

Peu après son apparition en 1812, le célèbre Encke trouva par le calcul qu’elle avait une révolution de soixante-dix ans environ.

L’orbite de la comète a été définitivement calculée par Schulhof et Bossert. L’astre a été retrouvé le 2 septembre 1883 par Brooks, à Phelps, État de New-York.

Ce sont des observations faites par des Français, notamment celles de Blanpain à Marseille et celles de Bouvard à Paris, qui ont le plus servi à MM. Schulhof et Bossert pour leur grand travail paru dans le dernier tome des Annales de l’Observatoire de Paris. Nous nous proposons de reparler de la voyageuse lorsqu’elle sera plus près de notre Terre et visible pour tous.

Martial MOULIN.