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pérément crispé dans ses cheveux ses doigts convulsés, il alla demander conseil à sa Magdeleine.

— Une bonne idée ! lui dit-elle joyeusement. Mon idyllique mari est absent et… si vous voulez…

— Comment donc ! ma chère âme… mais je suis prêt !

— Allons, monsieur, trêve à vos interprétations irrévérencieuses et laissez-moi achever, continua-t-elle en riant. Prenons dans le cabinet d’antiquités une armure du xvie siècle. Vous l’endossez ; et… croyez-moi, vous serez demain soir superbe et triomphant.

— Vous me sauvez ! s’écria Maxence.

— Vite, vite, dit-elle. Allons chercher heaume, jambières, cuissards, cuirasse, et cætera, et surtout pas un mot à mon mari : nous touchons à ses collections, choses sacrées !

— Demain soir on va me prendre pour Eviradnus, le chevalier errant…

— Pendant que je me morfondrai loin de vous à la Comédie-Française, hélas !

Le lendemain, en pleine nuit, M. de Lansalumey vaguait au hasard, roulant dans sa tête le problème obsesseur.

Soudain, à dix pas de lui, une forme féminine emmitouflée de fourrures, saute hors d’un fiacre, traverse prestement le trottoir et s’engouffre dans le corridor de la maison voisine ; après elle, avec un effroyable bruit métallique, un second personnage, — un homme celui-là, — sort du même véhicule dans un singulier accoutrement sur lequel les clartés du gaz se réverbèrent en longues traînées de lumière.

— Ciel ! hurle le savant. Le costume d’Orlando da Chulojatto, ! ma précieuse armure !

Et il s’élance à la poursuite de l’homme de fer. Mais celui-ci a disparu derrière la femme au capuchon ; et lourdement la porte s’est refermée…

Hébété, M. de Lansalumey s’affala sur un banc.

Au bout de quelques secondes il se relevait, sonnait avec rage et se précipitait éperdument dans l’escalier.

— Mais où frapper ?

Il erra d’étage en étage, grimpant aux combles, fouillant les sous-