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UNE IDYLLE DANS LA BAYANNE
(Suite)

III

Il avait passé un pantalon couleur de peau de daim et avait échangé ses rustiques galoches, à semelle de bois de noyer, contre de jolis souliers ferrés…

Comme il était brave ainsi ! c’est qu’il avait vraiment une fort belle tournure et pas du tout l’air bis des champs

Quand il fut à portée d’être entendu de Perlette :

— Ah, vous voilà enfin ! lui dit-il ; — j’avais peur que vous ne vous fussiez trompée de chemin, ma petite Bedosse !

Et il l’embrassa.

Elle se laissa faire, heureuse d’être tant aimée par un si beau et si riche garçon.

Il s’offrit à lui porter son paquet. Elle refusa.

Il lui offrit son bras.

— Non, dit-elle… Que dirait-on de vous si l’on vous voyait donnant le bras à une Bedosse ?

— Ah que vous connaissez peu les bonnes gens de notre heureux pays ! ma mie, répartit Métalli.

Et tout au moins voulut-il prendre la main de Perlette.

— Non, plus loin, dit-elle : quand nous aurons traversé Châteauneuf ; quand nous serons de l’autre côté de l’Isère… Mais tant que nous serons dans votre commune je ne veux pas !

Et ils marchèrent côte à côte et traversèrent ainsi le village.