reux « coquin de sort » ; puis il disparut. Moi je restai là, l’œil ouvert, l’oreille au guet, le fusil armé.
Mais de flamant, pas l’ombre ! — je commençais à trouver l’attente longue et je me pris, toujours caché derrière mon buisson de tamarins à rêver de Miette.
« Aujourd’hui même, sans faute, je lui parlerai, me disais-je ; j’ai vu comment les autres s’y prenaient ; je ferai comme eux et qui sait ? — peut-être ne me dira-t-elle pas non ! » Et pensant à cela, je sentais mon cœur battre à me rompre la poitrine ; je voyais passer devant moi ses grands yeux noirs ; je les voyais me sourire doucement ; je la voyais laissant tomber en soupirant sa petite main dans la mienne et je cherchais déjà l’heure et le lieu de notre premier rendez-vous.
Tout à coup un cri de mon oncle arrive jusqu’à moi ; — une détonation retentit derrière les hautes herbes ; une grande bête secouant ses ailes passe devant moi ; je me redresse j’épaule mon fusil, je tire… et qu’est-ce que je vois ? — le flamant qui s’envolait ; mon oncle qui gesticulait là bas, jurant et sacrant comme un païen et par dessus un buisson voisin deux têtes se dresser effrayées, rougissantes. — Miette et Jacques l Hélas !
Il y avait encore autre chose qui s’envolait — c’était mon beau rêve qui me semblait s’évanouir là-haut dans la fumée bleue.
Ah ! ma mie Miette, je m’en suis souvenu longtemps du flamant rose, et j’en ai eu bhjn quelquefois comme des larmes dans les yeux.
Pâle, avec des yeux verts, cette fille est étrange.
La malice du diable et la grâce de l’ange
Viennent se disputer et briller tour à tour
Sur sa bouche carmin comme une fleur d’amour.
Elle est vêtue en Turque, et jusqu’à ses sandales
Traînent sa mante et son écharpe orientales.
À scs bras, à ses pieds, des khrôls-khrâals d’argent
S’entre-choquent et font à chaque pas, tintant,
Un clair et vif concert de notes cristallines
Qui rhytme sa démarche aux lenteurs serpentines.
