au seuil de la vingtième année, par les sentiers d’aubépine, et, comme Victor de Laprade, il pleure la mort des chênes et salue la naissance du brin d’herbe :
Car autant que l’arbre superbe
Qui prête son tronc aux vaisseaux,
Dieu protège l’humble brin d’herbe
Qui tapisse les nids d’oiseaux.
Nous ne doutons pas que l’année 1884 n’apporte un vif succès à cette œuvre remarquable, où, selon le mot de Théophile Gautier, l’idée resplendit à travers la forme.
« Ne pas naître est le premier des biens », — telle est l’épigraphe du volume de poésies que vient de publier M. J. Boissière. Mais, de cette phrase de Sophocle, il ne faudrait pas inférer que Devant l’Énigme (Paris, 1883, Lemerre, éditeur) soit un livre funèbre.
Dans les parties intitulées Chansons pour Madame et Amours variées, le vers est tantôt fougueux et passionné, tantôt dédaigneux et railleur. Cette opposition de tendances est, du reste, une des marques de M. Boissière. L’inspiration des Paysages est fort spleenétique ; et les Nocturnes sont d’une exécution savoureusement moderniste.
La philosophie du livre est exprimée par Polichinelle. Le Polichinelle de M. Boissière a emmagasiné dans ses bosses la science et la causticité de Schopenhauer. Il converse avec le poète, et ses paroles, d’abord gouailleuses, deviennent sombrement éloquentes. Affirme, dit-il,
Affirme pour jarmais ta seule indifférence
Etl’inutilité de la création !
Viennent de paraître :
La Chambre des Amours, roman de M. Saint-Eman, illustré d’un dessin de Faria (Ghio, éditeur) ;
Le Portefeuille d’un nonagénaire, par le baron Blanquart de Bailleul, intendant militaire en retraite, commandeur de la Légion d’honneur, médaillé de Sainte-Hélène. Ce vieillard aurait bien du attendre encore quatre-vingt-dix ans avant de publier ses vers (Ghio, éditeur).
Aux Ambassadeurs, de M. Octave Maus, un des chefs du mouvement littéraire en Belgique (collection de la Jeune Belgique, 74, avenue de la Toison d’or, à Bruxelles).
