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comme de sa première croche. Toute réputation doit passer par ses mains. Il fait et défait les célébrités.

Proclamons-le d’ailleurs hautement, Le Texte est un esprit supérieur qui n’a usé de sa dictature que pour le plus grand profit de l’art et la plus grande gloire des maîtres.

Récapitulons les principaux actes de son règne.

Qui est-ce qui a imposé Wagner au public récalcitrant ? — Le Texte ! À qui les concerts classiques doivent-ils la haute et sévère sélection de leurs programmes ? — Au Texte ! Par qui sera définitivement consacrée la réhabilitation de Berlioz ? — Par Le Texte. C’est Le Texte qui le premier a soutenu la Damnation de Faust au Châtelet, Le Texte qui le premier a jeté ces mots devenus aujourd’hui une réalité : Du marbre à Berlioz ! Le Texte qui a organisé récemment pour la statue du maître le grand festival du Trocadéro. Le Texte, encore Le Texte, toujours Le Texte !

Et lui aussi aura un jour sa statue, et la jeunesse du vingtième siècle marchera sur ses traces en voyant ces mots flamboyer en lettres d’or sur le piédestal :

Gloire au Texte !
ZÉNON-FIÈRE.

EXPOSITION NATIONALE
DES BEAUX-ARTS

(15 Septembre — 31 Octobre 1883)

« Nous ne faisons pas ici concurrence au Salon annuel, disait M. Jules Ferry le 20 avril 1883. Nous ne faisons du Salon annuel ni la copie, ni la satire : le Salon est une chose ; l’Exposition nationale en est une autre ! »

À parler franc, l’Exposition nationale est tout simplement l’intervention de l’État dans l’art.

Que l’État veuille diriger le mouvement artistique, soit ! Mais voici qui est moins compréhensible : les artistes souffrent placidement cette ingérence scandaleuse, et les mêmes publicistes qui chaque jour combattent la toute-puissance de l’État en matière politique et réclament