Un joli nom, plein de douces promesses, « tintinnabulant comme clochette d’or », à l’oreille des sensuels, On pressent la brune Castillane, à l’œil de feu, à la marche provoquante, au geste gracieux.
Elle paraît et le rêve s’efface !
Au lieu de la traditionnelle mantille, un maillot rose que recouvre en partie une casaque de soie rouge, bordée de paillettes d’or aux lueurs scintillantes, et, sous le maillot, des formes arrondies, qui ont le hardi contour d’une statue antique. Et ce n’est ni le fin profil de Diane chasseresse, ni les lignes harmonieuses de la Vénus de Milo, c’est la virile beauté d’un Discobole féminin, le torse musculeux d’un Hercule Farnèse au petit pied. Un nez droit ; le visage éclairé par des prunelles étincelantes ; une chevelure noire et luisante ; deux petites mèches qui frisottent aux tempes, une gorge éblouissante, qui appelle le baiser : tout ravit dans ce modèle de perfection plastique.
D’une main, elle saisit le cordage qu’on lui tend, et, sous la poulie qui grince, l’œil la suit… s’élevant, calme et gracieuse, au milieu des airs… Et tout là-haut, sur son trapèze, planant dans la lumière blanche des lustres, au-dessus d’une foule haletante et ravie, elle saute, bondit, vole, se replie et se détend comme un ressort… Suspendue par un pied, au son d’une musique bruyante, elle se tord avec des enlacements de couleuvre, se balance dans l’espace, se relève d’un coup de reins, retombe, enchevêtrant de nouveau ses membres…
Puis, tout d’un coup, comme si ses bras disloqués et tordus lui refusaient tout service, pareille à une étoile tombant du ciel, elle s’élance dans le vide ! Le filet la reçoit et deux fois la renvoie comme une balle !… Un cri s’élève !…
Elle est là, debout, souriante, dans l’arène ! Et quand le regard ardent, le teint enflammé, la poitrine oppressée, se gonflant par intervalles, elle prodigue ses baisers, dans la salle, plus d’un jeune cœur bat à l’unisson du sien !
