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DEUX LIVRES DE FEMMES

Nous recevons de l’éditeur Charavay deux charmants petits volumes illustrés et tirés sur papier de luxe : l’Enfance d’une Parisienne, de madame Alphonse Daudet, et une réédition de la Chanson des nouveaux époux, de madame Edmond Adam.

Le volume de madame Adam est orné de dix magnifiques compositions, par Gustave Doré, J.-P. Laurens, Benjamin Constant, etc. Quant au texte, nous pensons que si madame Adam n’en avait jamais écrit de meilleur, elle n’aurait pas encore à l’heure actuelle conquis sa réputation d’écrivain. C’est la relation d’une sorte de voyage au pays d’Italie : nous allions dire au pays du Tendre. À chaque halte, en présence des plus beaux sites et des monuments les plus renommés, le jeune marié, un monsieur multiple, tantôt futur avocat célèbre, tantôt capitaine, voire même officier de marine et commis de magasin distingué, débite des douceurs à la chaste jeune femme qu’il désirerait moins froide, laquelle répond en minaudant et en roucoulant des choses très sensées. Pour clore chaque séance, l’époux enlève l’épouse dans ses bras vigoureux, la dépose dans les grottes profondes, sous les pampres verts ou à l’ombre des orangers en fleur et une fois là… comment vous dire … « Jupiter s’entoure d’un nuage. » Je lis dans ce livre un calembour que moi, barbare, je ne saisis pas très bien, mais qui doit être probablement d’une finesse exquise : il paraît que le bonheur de nos époux est muet à Portici. En somme, chacun ses goûts ; ceux qui voudront trouver admirable cette chanson en ont le droit ; moi, je la trouve douceâtre et fastidieuse. À la dernière station du voyage « les époux jouissent de la volupté la plus pure, et nagent en plein azur ». Qu’ils jouissent et qu’ils nagent tant qu’ils voudront et qu’ils nous fichent la paix,

Moins bien partagé que celui de madame Adam sous le rapport des illustrations, le volume de madame Alphonse Daudet ne possède qu’une seule eau-forte, sou portrait de fillette ; mais l’ouvrage est tout bonnement délicieux. L’auteur nous raconte sa première enfance, évoque à nos yeux une foule de souvenirs intimes, naïfs et charmants, dans un style simple, rempli de grâce, de délicatesse, et en même temps de virilité. La femme de notre grand romancier donne raison une fois de plus au vieux proverbe : « avec les poules on apprend à gratter ». Elle a profité des leçons qu’elle reçoit journellement ; son livre est digne de la plume de son mari.

JEAN-CLAUDE.

REVUE FINANCIÈRE

CHEMINS DE FER ANDALOUS

La Compagnie des chemins de fer andalous possède actuellement un réseau de 742 kilomètres en exploitation, et son parcours total sera prochainement porté à 896 kilomètres par la mise en exploitation de 154 kilomètres dont la construction sera achevée cette année.

La Compagnie des Andalous est une des plus favorisées de la Péninsule