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voquer un relèvement des cours ; mais la spéculation juge : que le ministère ait l’approbation ou non des chambres, l’état de nos relations avec la Chine n’en est pas moins le même.

Un autre motif est encore venu augmenter l’indécision et la lourdeur de la cote. La liquidation a donné lieu à des règlements de compte onéreux et de grosses exécutions ont eu lieu.

Le découvert est cependant assez considérable pour faire espérer une revanche des haussiers à la première nouvelle favorable.

Les résultats du rendement des impôts publiés par le Journal officiel sont rassurants. Les rentrées ont été inférieures aux prévisions, mais supérieures à celles de l’année précédente pendant la période correspondante.

Les fonds étrangers, quoique légèrement entraînés par la faiblesse générale des cours, sont cependant relativement fermes ; il est vrai que nos affaires du Tonkin ne les intéressent guère.

Les valeurs orientales subissent une dépréciation assez forte, contrecoup du désastre de l’armée du général Hicks au Soudan. Il est à prévoir que, quelle que soit la décision de l’Angleterre, ce sera l’Égypte qui paiera les frais.

La situation des institutions de crédit est intimement liée à celle des rentes et subit la même influence.

L’immense succès remporté par le Crédit Foncier dans sa dernière émission pouvait faire entrevoir un grand mouvement de reprise ; mais l’animation n’a été qu’éphémère, tout est rentré aussitôt dans le plus grand calme. L’argent qui se précipite sur les placements de premier ordre reste d’une extrême prudence vis-à-vis des autres. Les obligations du Foncier attirent les capitaux disponibles ; elles présentent justement ce caractère de sécurité recherché par l’épargne.

Outre la garantie de l’État, le Crédit Foncier ne prête que sur des gages de premier ordre et, en aucun cas, le prêt n’est supérieur à la moitié de la valeur du gage. Aussi rarement la société est-elle obligée d’avoir recours à l’exécution de ses créanciers et même, dans ce cas, l’État lui a conféré des droits qui simplifient la procédure.

Le Crédit Foncier n’est, pour ainsi dire, qu’un intermédiaire entre les emprunteurs et les prêteurs. Les prêts fonciers, loin de constituer un appauvrissement, sont, au contraire, une source et un signe de prospérité.

La Banque de Paris se relève légèrement. Si elle obtient la concession de l’exploitation des chemins de fer italiens, peut-être la verrons-nous regagner des cours plus en rapport avec sa situation.

La Générale reste au-dessous du pair, il y a là une anomalie que ne saurait justifier la faiblesse générale des cours.

Le Comptoir d’escompte, le Crédit industriel, le Crédit lyonnais se maintiennent à des cours peu éloignés de ceux précédemment cotés.

La Banque ottomane subit en ce moment une dépréciation considérable, dont il serait difficile de rechercher le motif ailleurs que dans les ventes faites par la spéculation.

La question du Suez est loin d’être encore clôturée. Aussi les commentaires les plus différents ; nous voyons, sous les attaques réitérées, l’action décrocher le cours rond de 2 000.

Le Gaz est très ferme ; son procès avec la Ville en est toujours au même point.

Les chemins de fer français sont lourds. Les assemblées générales des actionnaires pour le vote des conventions auront lieu avant la fin de l’année et seront des plus intéressantes. Nous en reparlerons.

Les chemins étrangers sont délaissés et ne donnent lieu qu’à des transactions excessivement restreintes.

S.
Le Gérant : CH. NOBLET.

10336. — IMPRIMERIE CHARLES NOBLET, RUE CUJAS, 13, PARIS.