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Ah ! c’est que ce cœur est un noir chantier
Où, toujours pressé de hâter l’ouvrage,
On voit s’agiter un dur charpentier,
Dont le poing crispé martèle avec rage.

De l’aube candide au couchant vermeil,
Infernalement, ce heurt me secoue ;
Dans mes jr eux meurtris tuant le sommeil,
L’ouvrier maudit taille, scie et cloue.

On dirait, à voir mes bonds convulsifs,
Qu’un bourreau chinois m’étreint dans sa cangue,
Ou qu’un succube aux ébats lascifs
Imprime ses dents sur ma face exsangue.

L’artisan fatal frappe sans merci, —
Et veux-tu savoir l’œuvre singulière
Que son bras fiévreux accélère ainsi ?…

Depuis que je t’aime il construit ma bière.

Zénon-Fière.

SUR LE VIF

Le Petit Employé.

I

Tremblant de salir les bottines étroites qui lui emprisonnent les chevilles, rasant les murs, grelottant sous son habit qu’un pardessus bien mince ne réussit pas à couvrir entièrement, il marche, court, sautille sur la pointe des pieds, le petit employé du ministère.

Ses gants blancs sont dans sa poche ; il les mettra avant d’entrer dans la salle de bal, car c’est au bal qu’il va.