D’un doigt distrait frôlant la sonore bîva,
À travers les bambous tressés en fine latte,
Elle a vu, sur la plage éblouissante et plate,
S’avancer le vainqueur que son amour rêva.
C’est lui. Sabres au flanc, l’éventail haut, il va.
La cordelière rouge et le gland écarlate
Coupent l’armure sombre et, sur l’épaule, éclate
Le blason de Hizen ou de Tokungawa.
Ce beau guerrier, vêtu de lames et de plaques,
Sous le bronze, la soie et les brillantes laques,
Semble un crustacé noir, gigantesque et vermeil.
Il l’a vue. Il sourit dans la barbe du masque,
Et son pas plus hâtif fait reluire au soleil
Les deux antennes d’or qui tremblent sur son casque.
C’était par une après-midi embrumée. Dans l’air opaque, le ciel pesait comme un remords.
J’avais dans l’âme le retentissement de son dernier baiser ; — je l’avais pour jamais enfoui au fond de l’âme, comme au fond d’un caveau sépulcral.
Dans l’air opaque, le ciel pesait comme un remords.