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fier et trop distingué. Qu’on ne prenne pas cette simple observation pour un reproche. La Petite Marquise est un chef-d’œuvre, les artistes chargés de l’interpréter sont merveilleux et le souvenir des créateurs ne nuira pas au succès de cette reprise.

Quant à la Vie parisienne, j’en dirai peu de chose. La pièce a bien un peu vieilli, mais le baron Dupuis de Gondremark et Baron Bobinet, d’une part, Zulma Bouffar, avec sa verve insensée, et Dharcourt, avec son minois chiffonné de l’autre, se chargent de la rajeunir.

Cette observation est plus difficilement applicable à l’exhumation, — je veux dire à la reprise, — que vient de nous donner la Comédie-Française, de Bertrand et Raton, cinq actes de M. Scribe. Cette pièce, véritable chef-d’œuvre de ficelle dramatique, mais dans laquelle l’art n’a absolument rien à voir, est jouée par des artistes hors ligne, qui sauraient au besoin tirer d’un sac de charbon mouture de farine ; c’est dire qu’on ira toujours voir avec plaisir Thiron et madame Pauline Granger, même dans leurs rôles de Bertrand de Rantzau et de madame Burkenstafi. Cependant, il est permis de regretter que l’on ait repris, en 1883, au Théâtre-Français, une œuvre qui ne brille que par ses qualités scéniques, qui n’est pas même écrite en bon français et qui, après tout, ne reflète que d’une façon fort éloignée les mœurs d’un autre temps.

Oscar MÉTÉNIER.

LES LIVRES

Hector France : Les Va-nu-pieds de Londres (Charpentier). — Marguerite Van de Wiele : Maison flamande (Charpentier). — Francis Poictevin : Ludine (Henry Kistemaeckers, à Bruxelles, rue des Palais).

L’édition Charpentier tient, ce mois-ci, le premier rang pour le nombre et la qualité des publications nouvelles.

D’abord, les Va-nu-pieds de Londres, d’Hector France, grouillante galerie d’une truculence toute britannique. Mendiants de Callot, ivrognes de Brauwer, lutteurs de Courbet, tous les faméliques, tous les assoiffés, tous les loqueteux, tous les rôdeurs, tous les va-nu-pieds se retrouvent dans ce pandémonium. Avec le Marché aux enfants, le Ménage du petit Dick, le Gagne-pain de Lily, c’est le va-nu-pieds en