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et amusant présenté l’autre jour aux lecteurs de la Libre Revue par M. Zénon-Fière, sous le nom de : « Le Texte », est toujours l’auditeur le plus assidu des matinées du dimanche au Châtelet. Il a même mal accueilli une tentative de M. Colonne, dans le but de faire connaître au public quelques danses populaires du compositeur hongrois Brahms. — « À la foire au pain d’épice ! » s’est écrié l’incorrigible habitué de la cinquième galerie, au milieu du tapage qui a suivi l’audition. Et, ma foi, il avait quelque peu raison. Il était inutile d’introduire l’orchestre du bal Bullier, après une magistrale interprétation de la symphonie en ut de Beethoven.

Excellente nouvelle pour finir : une société de vingt compositeurs français et étrangers, sous la présidence de M. Reyer, songerait à utiliser enfin d’une façon sérieuse la magnifique salle des fêtes du Trocadéro.

Adrien REMACLE.

REVUE FINANCIÈRE

Le marché de nos rentes est toujours dénué d’animation ; les événements extérieurs pèsent de tout leur poids sur une spéculation devenue timorée. La même observation peut s’appliquer aux fonds étrangers. Remarquons, toutefois, que si une éclaircie venait à se produire, la reprise des affaires pourrait être entrevue sans trop d’optimisme. Jamais l’argent n’a été plus abondant, mais aussi il n’a jamais été si craintif ; la mémoire des désastres passés est toujours présente à l’esprit des capitalistes.

La situation des institutions de crédit n’est guère meilleure : peu de bénéfices ont été réalisés dans le présent exercice. Pour donner un dividende présentable, les meilleures sont obligées de toucher à leurs réserves ; deux ou trois de nos grandes institutions font seules exception à cette règle presque générale pour l’année 1883.

Les capitaux ne vont plus, aujourd’hui, aux valeurs de spéculation : ils recherchent les placements stables. Aussi, tandis que nous enregistrons une forte dépréciation sur un grand nombre de valeurs, nous constatons que les obligations des chemins de fer, celles du Crédit foncier et toutes les grandes valeurs qui restent en dehors de l’action des spéculateurs conservent une bonne tenue.

Les obligations du Crédit foncier sont aujourd’hui connues de tous les capitalistes ; on sait que les placements qui ont cette valeur pour base sont à l’abri de toute dépréciation. Il est difficile de trouver des titres reposant sur des garanties aussi indiscutables.

Les obligations du Crédit foncier se divisent en deux catégories : les obligations sans lots et les obligations avec lots. Dans la première catégorie, les plus répandues sont celles de l’emprunt 1883, reproduisant le type des obligations des chemins de fer et valant de 346 à 348 francs. Dans la seconde catégorie, nous trouvons les obligations 3 0/0 1879 et 1880. L’obligation 1880 vaut 443 francs. Elle participe, comme l’obligation 1879, à de nombreux tirages et à de nombreuses chances de lots. Les tirages ont lieu tous les deux mois, et le gros lot est de 100,000 francs à chaque tirage. Un nombre important de lots secondaires viennent après le gros lot.