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« Et, pour cela, souhaitons que nos mineurs, s’ils font plus tard valoir de nouveau des aspirations en ce moment ajournées, le fassent sans tumulte, en résistant aux agents provocateurs, de façon que ceux qui ne verraient que leur intérêt personnel, là où ils devraient se rappeler surtout qu’ils ont à remplir les magnifiques devoirs qui incombent à la plus grande force industrielle qui soit dans tout l’Occident, se disent pour cette fois qu’il n’y a plus moyen de substituer une question de trouble matériel à réprimer à une question de salaire et de justice à examiner et à résoudre.

« Que les ouvriers, si ces aspirations renaissent un jour parmi eux, se rappellent les conseils que leur donnait hier l’organe du ministère public ! Qu’ils les méditent, qu’ils les mettent en pratique !

« Le jour où ils sauraient le faire serait un des plus beaux de notre temps.

« Ce jour-là, une population restée jusqu’à présent dans un état d’enfance relative aurait montré qu’elle est arrivée à la virilité. Elle aurait montré que notre prolétariat n’est pas campé au milieu de la société du XIXe siècle comme une force indispensable, mais perturbatrice. Elle aurait montré que les ouvriers du Nord savent s’élever jusqu’à la soumission volontaire aux lois les plus complexes de l’ordre moderne, et qu’ils peuvent, par leur courage, leur prudence, leur calme persévérance, atteindre enfin ce que nous leur souhaitons tous : « La dignité civique dans l’indépendance, re-