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« Doit-on s’en étonner ? Nous qui les connaissons, ne devons-nous pas plutôt les en plaindre ?

« Dès l’âge de dix ans ils sont plongés dans la fosse, et jusque-là l’instruction, la seule richesse qui s’accroisse à mesure que s’élève le nombre de ceux qui en jouissent, leur est si parcimonieusement distribuée ! Beaucoup, sinon tous, ignorent donc encore que la loi, jadis dirigée contre eux, est tournée depuis peu, non pas de leur côté (la loi ne doit jamais avoir de partialité en un sens plus qu’en l’autre), mais du côté de la justice.

« De là parfois des procédés arriérés, regrettables, plus nuisibles aux véritables intérêts de l’ouvrier qu’à tous autres, procédés que vous aurez tout à l’heure à apprécier au point de vue légal, en tenant compte de la position et de l’ignorance de la loi où sont la plupart des prévenus.

« Mais ce ne serait pas comprendre convenablement la façon dont doit être discutée cette cause sous un régime de liberté, que de me borner à plaider comme pour des perturbateurs vulgaires, n’ayant ni excuse ni raison, se bornant à se réfugier dans des supplications et des prières, des dénégations et des récriminations réciproques.

« Au-dessus de la position personnelle des prévenus se trouvent la situation de tous ceux qui sont leurs compagnons de chaque jour, celle du pays tout entier qui a été étonné d’un vaste déploiement de forces, celle de toute notre industrie qui, aujourd’hui, sous prétexte de cette coalition, paye la rançon de la paix. C’est là un côté de