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légale des rapports entre blancs et noirs, dans les portions du territoire où ces derniers n’ont pas formellement abdiqué leurs droits souverains. Si cette conjecture était juste, ce serait une sorte de féodalité qui prévaudrait, à cette heure, dans une notable partie de l’État indépendant du Congo.


IV

TERRITOIRE


C’est ici le lieu de dire quelques mots de l’étendue de cet État.

Au moment où elle fit abandon de ses possessions, l’Association n’avait en son pouvoir qu’une bande de terrain, étroite mais continue, reliant entre eux les anneaux de la chaîne de ses établissements, au nombre de quarante environ[1] ; mais le monopole d’une domination éventuelle bien plus étendue lui avait été reconnu par divers traités. Dès le 8 novembre 1884, la carte annexée à la convention conclue entre l’Allemagne et l’Association attribuait à celle-ci 1,533,100 kil. carrés, embrassant des régions inexplorées, dans lesquelles elle s’était taillé, sur le papier, des domaines à sa fantaisie. Plus tard, à l’occasion des traités avec la France et le Portugal, une nouvelle carte fut dressée, qui modifia le premier tracé et porta à 2,074,100 le nombre des kilomètres carrés abandonnés à l’Association[2]. D’après l’Almanach de Gotha, les possessions nominales de l’État actuel sont arrivées à avoir une superficie approximative de 2,700,000 kil. carrés, tout

  1. Faure : la Conférence africaine de Berlin, p. 5, et Stanley, p. 472 et 628.
  2. Ces chiffres ont été fournis par l’Institut géographique de Gotha. Un tracé un peu différent a été adopté en 1887, d’un commun accord entre la France et l’État du Congo.