Page:La coutume d'Andorre.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donnent à la boucherie des produits détestables. Par contre, si les chevaux du pays sont rustiques, le régime auquel ils sont soumis leur donne une remarquable résistance ; j’ai vu de malheureux chevaux enlever la neige avec la langue pour trouver un peu d’herbe.

Les bêtes de somme et de selle de provenance étrangère acquièrent dans le pays une vigueur de jarret et une sûreté de pied précieuses. Les muletiers, traginers, emploient des bâts et des harnais très lourds, environ 40 kilogrammes ; la charge est de 120 et même 150 kilogrammes. C’est, au total, près de 200 kilogrammes qu’un mulet monte par des chemins impossibles.

On comprendra quel profit l’Andorre tire de l’industrie pastorale quand on aura jeté les yeux sur les tableaux suivants.

Le premier indique les nombres de têtes de bétail pour lesquelles M. Carvajal demandait, en 1895, la libre introduction en Espagne.

100 têtes de l’espèce chevaline ;
450 mulets ;
400 têtes de l’espèce bovine ;
7,000  —  ovine ;
25 ânes ;
700 chèvres ou chevreaux ;
56 porcs[1].

Les immunités douanières que sollicitait M. Carvajal furent refusées par le Sénat, sur l’intervention de l’évêque d’Urgel, et la surproduction de l’Andorre a pris le chemin de la France. Nous admettons annuellement en franchise le tiers des existences constatées par des recensements qui seront effectués à des dates indéterminées. Voici à quel chiffre s’élève ce tiers, d’après les recensements consécutifs de 1898, 1899, 1900, qui ont été faits sous le contrôle de notre Viguier et d’agents des Douanes françaises :

  1. Las Cortes españolas de 1895 y las franquicias de Andorra. Madrid, 1895, p. 9.