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des parcs, pletes, fermés de claies, andas. On active aussi la végétation par l’arrosage, qui est très développé en Andorre. Lorsque le voyageur suit le cours de la Valira, il aperçoit de loin en loin des prises d’eau, capagual, peixera, qui annoncent qu’un peu plus bas il trouvera des prés irrigués. Le canal, rech, et les dérivations, secles, cequies, peuvent être munis d’une vanne, resclosa, et d’un déversoir, astolador ; ils se subdivisent en nombreuses rigoles, rigoles à jour, rigueres, rigoles couvertes, clavigueres. L’arrosage a, dans ces derniers temps, transformé certaines parties du pays, grâce à des syndicats de propriétaires qui ont construit à frais communs des canaux ; l’une des plus importantes parmi les sociétés de ce genre est le syndicat du canal d’Andorre, la junta del rech d’Andorra.

On accède aux pièces de terre par des chemins et sentiers qui portent des noms divers : sendera, callissa, pas. Si j’ai bien saisi, la sendera est un sentier ; la callissa, un passage ayant une assiette spéciale, entre deux immeubles, et le pas, un droit de passage à travers l’immeuble d’un tiers.

Les récoltes sont emmagasinées dans des bâtiments divers, borda, hera, cubert, qui, dans la montagne, prennent plutôt le nom de cortal. Les granges ne renferment pas toujours un logement pour la famille du colon ou pour le domestique chargé de soigner le bétail pendant le jour, ni une aire, corral ; elles comprennent invariablement au rez-de-chaussée une étable, estable, et au-dessus un grenier, dont le pignon est ouvert plus ou moins largement du côté du soleil.

Comme tous les pays élevés, l’Andorre, pendant les longs mois de l’hiver, se recueille ; ainsi, que certains animaux de ses montagnes, elle paraît dormir. Sa vie est alors suspendue[1], pour reprendre avec une intensité fébrile pen-

    en date du 11 mai 1875, vise un bail à ferme du solá de Pal, aux termes duquel le preneur devait à chaque particulier six nuits de 300 bêtes.

  1. Les salaires tombent pendant la mauvaise saison : dans un décret dont la date est peu éloignée, le Conseil général estime que « no pareix ser just que un moso pugue guaña tan en lo ibernt com en lo estiu ».