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XI
DE L’HÔTEL DU ROULE

hérétiques, sentant l’hérésie, mal sonnantes et offensant les oreilles pieuses, des propositions comme celles-ci :

« Il est bon de lire des livres de piété le dimanche, surtout la Sainte Écriture ; » ou cette autre : « La crainte d’une excommunication injuste ne doit pas nous empêcher de faire notre devoir. »

La plus grave dissidence entre les jésuites et les jansénistes était celle de la grâce, c’est-à-dire, du libre arbitre et de l’irresponsabilité de l’homme ; et c’est là une question qui, comme on sait, est encore bien débattue de nos jours. Ainsi, au nombre des centaines de livres publiés dans cette polémique religieuse, on en remarque un intitulé : Apologie de Cartouche, ou le Scélérat justifié par la Grâce du Père Quesnel (par le père Louis Patouillet, jésuite), satire qui eut trois ou quatre éditions en 1731 et dans les années suivantes.

Après la mort de Louis XIV, le duc d’Orléans régent apaisa toutes ces querelles en s’en moquant ; mais les jésuites continuèrent toujours leurs intrigues, et réussirent enfin, en 1728, peu de temps avant sa mort, à décider le cardinal de Noailles à se soumettre à la fameuse constitution Unigenitus. Vingt-cinq curés de Paris et une grande partie du clergé français protestaient encore, et, pour en finir enfin avec des troubles qui se prolongeaient éternellement, le gouvernement français prit d’abord le parti d’interdire la publication de tous ces mandements et de tous ces livres furibonds. Ensuite, voyant que loin de se modérer, les jésuites devenaient de