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VII
DE L’HÔTEL DU ROULE

morte aujourd’hui ; mais qui, pendant près d’un siècle, a tout agité et bouleversé en France. Rappelons simplement les faits en deux mots.

Un prêtre, le père Pasquier Quesnel, qui s’était fait admettre dans l’ordre de l’Oratoire en 1657, publia, de 1671 à 1678, des Réflexions morales sur le Nouveau Testament. Il les dédia au cardinal de Noailles, alors évêque de Châlons-sur-Marne, et quelque temps après archevêque de Paris. De Noailles approuva cet ouvrage, lequel obtint le suffrage de tous ceux qui lisent ces sortes de livres. Mais Noailles et Quesnel étaient antagonistes des jésuites, et ceux-ci réduisirent Quesnel à s’expatrier. Il se retira dans les Pays-Bas espagnols en 1685. Les jésuites obtinrent un ordre de Philippe V, roi d’Espagne, pour le faire arrêter. Il fut transporté dans les prisons de l’archevêché de Malines, et il ne fut remis en liberté qu’en 1703.

Les jésuites, le père Le Tellier et Louis XIV, son pénitent, à leur tête[1], firent condamner à Rome le

  1. « Louis XIV était un souverain qui avait pris pour devise un soleil dardant un de ses rayons sur un globe, avec ces mots : Nec pluribut impar ; qui étonnait l’Europe par le nombre et la magnificence de ses palais, le faste et l’éclat de sa cour, la variété et la galanterie de ses fêtes ; qui couvrait d’or ses maîtresses ; qui donnait deux cent mille livres aux filles de ses ministres à leur mariage, et cinquante mille écus à un courtisan endetté ; qui, dans son voyage en Flandre, dépensait quinze cents louis par jour, rien qu’en cadeaux aux dames et en gratifications aux officiers ; qui faisait à des étrangers des présents si considérables, qu’un florentin bâtit