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XVIIe SIÈCLE


On a beaucoup chanté au XVIIe siècle dans toutes les classes de la société. Les « honnêtes gens » chantaient des airs de cour où la galanterie un peu fade de l’époque s’ornait des grâces de l’esprit précieux. Le chant était très cultivé dans l’aristocratie : on s’y disputait quelques maîtres renommés qui enseignaient à chanter « proprement », c’est-à-dire avec ces nuances, ces agréments et ces inflexions mourantes qui constituaient ce qu’on appelait « le goût du chant français ». Les airs de cour proprement dits sont assez différents de ce que nous entendons aujourd’hui par chanson ; on en trouvera ici quelques exemples caractéristiques.

Le peuple avait son répertoire particulier, les vaudevilles, chansons souvent satiriques et presque toujours fort grossières, que l’on chantait ordinairement sur le Pont-Neuf, d’où le nom de « ponts-neufs » par lequel ils sont parfois désignés.

Ce qui, au XVIIe siècle, correspond le mieux à ce que nous appelons la chanson, tient à la fois de l’air de cour et du vaudeville. Ces chansons, moins apprêtées que les premiers et un peu moins libres que les seconds, nous ont été conservées en grand nombre dans les recueils que l’éditeur Christophe Ballard publia au début du XVIIIe siècle sous le titre de Brunettes ou petits airs